A
partir d'un lieu précis — le manoir de Kerhoant, berceau de notre
famille — ce site navigue dans l'histoire de Bretagne. Kerhoant en est
un raccourci. On y a abrité des nobles, des meuniers, des paysans, des
ouvriers agricoles, le dernier recteur de Saint-Pol, son premier maire
républicain, des prisonniers allemands... puis des occupants allemands. Et ne nouveau des prisonniers !
On y a
pratiqué l'élevage, comme ces postiers bretons primés dans les concours,
armé un goémonier, fabriqué du pain, cultivé le lin et bien-sûr les
choux-fleurs, les artichauts. On y a vu aussi passer les trains,
s'élever des blockhaus. Bref, vous trouverez donc ici anecdotes,
légendes, coutumes, généalogie...
SOMMAIRE
L'ancien domaine de Kerhoant se situe à cheval sur Saint-Pol-de-Léon et Plougoulm. Dominant la vallée de l'Horn, un œil sur l'ancienne voie romaine, il fut un observatoire privilégié des événements qui marquèrent la région. Il en résume aussi l'épopée.
Kerhoant, ce fut d'abord le berceau d'une famille noble qui, quittant le Léon, allait donner son nom à un marquisat du Maine. Un temps, Montoire s'appellera en effet Querhoent.
Après les Kerhoënt, la maison passa aux Névet puis, racheté par le plus riche prébendier de Bretagne, devint une dépendance du château de Kerjean. C'est là que vint mourir en cachette un vieux pirate pourchassé par sa femme. Le tout dernier recteur de Saint-Pol-de-Léon y a vu le jour et s'y cachera des révolutionnaires. En revanche, le premier maire républicain de la commune y est également né.
Mais
Kerhoant, ce fut surtout le vivier de paysans aisés qui contribuèrent à
façonner le Léon. Tous prénommés Claude, de père en fils, les Creach
cultivent le lin, font tourner un, deux, trois moulins, ils arment un
goémonier pour amender leur terre, engagent leurs chevaux dans les
concours agricoles, plantent les premiers primeurs. Un
temps, c'est la plus grosse exploitation agricole de Saint-Pol-de-Léon.
Et la seule qui, au petit matin, ne va pas puiser sa main-d'œuvre au
marché d'hommes, transis sur le parvis de la cathédrale. Sur mon honneur était la devise de Kerhoant. Leurs successeurs n'y ont pas failli...
Et
puis un train traversa ses terres. Et puis les Allemands de la seconde
guerre y établirent leur QG, des batteries. Et puis, et puis...
Et puis voici donc la chronique d'une ferme bretonne. N'hésitez pas à apporter votre pierre à l'édifice.
Laurent QUEVILLY