C'est à Guiclan que l'Horn prend sa source. Au sud-ouest, venu de Saint-Sauveur, coule le Quillivaron. A l'est, deux ruisseaux, le Cosquérou et le Guern filent vers Plouvorn et s'unissent pour former l'Eon. Plus a l'est encore est la Penzé qui marque la limite de Guiclan avec Saint-Thégonnec et Taulé.
Les moulins
Un dépouillement non exhaustif des preuves de droits d'eau a été opéré par les Archives départementales du Finistère. Non seulement incomplet, ce résultat présente des noms de moulin illisibles. Mais selon les données recueillies, le bureau du contrôle des actes implanté à Landivisiau recense peu avant la Révolution huit moulins sur Guiclan.
En 1843. en complétant le Dictionnaire géographique d'Ogée, Marteville et Varin en totalisent douze. Nous en avons trouvé pour notre part quatorze.
Quelques meuniers
1) Sur le Quillivaron
– Le Ponthou : moulin attesté par le bureau de contrôle (ADF 20 C 15/6 fol. 25. Table des baux à ferme, 5 décembre 1782 au 30 juin 1791).
– Lézarazien : Hervé Joncour (1671) ; François Riouallen (1713) ; François Cren, (1749) ; Guillaume Guéguen (1752) ; François Tourmel (1774) ; Marie Fichou son épouse (1782) ; Yves Corre (1804, 1835) ; Jean Marie Siohen (1906-1998).
2) Sur l'Horn
– Kersauzon, qui suit
3) Sur le Cosquérou
– Il rend sa source à Guiclan. Aucune usine avant Plouvorn.
4) Sur le Guern
– Le Guern : Claude Ménez (1857) ; François-Marie Ménez, son fils, épousa la fille du meunier de Kersauzon où il alla s'établir. Dont Joseph-Marie Ménez qui sera meunier de Kerdéland et où il décèdera en 1931.
– Kerdéland : Yves Penguilly (†1851) ; Yves Floc'h (†1862) ; Catherine Person, veuve Penguilly (†1869), Joseph-Marie Ménez (†1931).
5) Sur la Penzé
– Kerougay : Allain Crenn (†1755) ; Jeanne Kerboas, sa veuve (†1788), épouse en seconde noce de Thomas Joncour (†1794), meunier à Kerougay ; François Floch (1791) ; Yves Floc'h, son fils, partira tenir le moulin de de Kerdéland ; Pierre Riouallon (†1837) ; Anne Madec, son épouse, native du moulin de Kerfeunteuniou (†1847) ;
– Kerlaviou : François Joncour (†1659) ;
Gilles Jacq (1684) ; Guillaume Tosser (†1766) ; Claude Cardinal, natif
du moulin de Traonglézon, Plouénan (1767) ; Marguerite Corre (†1780),
veuve Goarnisson, elle venait de Moudennou ; René Spagnol (1811) ;
NOBLE... ET MEUNIÈRE !
L'épouse de François Joncour constitue une énigme se nomme Adelice Kergroades et porte parfois la particule dans les actes. Ses descendants la supposent fille, hors mariage, du marquis François de Kergroades, baron de Kerlec'h, chevalier de l'ordre du Roi. Ils la pensent née avant que Kergroadez épouse Claude de Kerhoant puis Renée du Louet.
Que Adelice porte le nom de Kergroadez suppose qu'elle ait été un tant soit peu reconnue. Sans son acte de naissance, toutes les hyptothèses restent ouvertes. A cette époque, des cadettes de familles nobles épousaient volontiers de riches roturiers, notamment à Cléder, Plouescat. Issue d'une banche de la famille, Adelice peut être dans ce cas.
Adelice accoucha de la plupart de ses enfants à Morlaix. Après le décès de Joncour, elle se remarie avec Yves Pichon, famille de meuniers et leur fille sera meunière. Lorsque mourra son petit-fils, Guillaume Joncour, meunier lui aussi, on découvrira dans son armoire une fortune en espèces mais aussi en pièces anciennes, une épée, une tasse d'argen. Curieux...
– Moulin-Neuf : Yves Madec (1665) ; François Penguilly et Catherine Abgrall (1677) ; Jean Laurens et Marie Ménéchy (1716) ; Olivier Guillerm (†1821) ; Hervé Le Gall et Marguerite Fichot (1855) ;
– Penhoadic : Yves Milbéo, venu du moulin de Trévilis puis Moulin-Neuf (1808).
– Kernabat : Hervé Corre, époux de Anne Joncour (1774) ; Jean Paugam, époux de Marie Yvonne Quéguiner (1842) ; François-Marie Kerscaven, natif du moulin de Croas-Crenn, Plouvorn, époux de Marie-Louise Siohan, native du moulin de Kerany, Saint-Vougay (1876) ; Alain Jacques Marie Guillou, natif du moulin Fling, Lampaul-Guimiliau, époux de Marie Perrine Guillemette Kerscaven, fille de Claude, meunier aussi à Kernabat (1900).
– Trévilis : Yves Milbéo (1798). 1903 : le meunier de 28 ans est mordu par un chien qui terrorise la commune durant deux jours. Il s'agit de René Le Pape qui se marie cette année-là. En 1936, le moulin avec fond de commerce de boulangerie et de minoterie fut mis en vente. Il comprenait une maison neuve, une maison de moulin, une maison de four, divers bâtiments agricoles. La production était de 30 quintaux de farine par jour. Alain Saout était locataire.
– Kergoat : François Haléguen, époux de Marie Trévian (1696) ; Jean Caradec et Françoise Haléguen (1718) ; Jacques Baron et Françoise Haléguen (1721) ; Louis Fichou et Anne Spagnol (1745) ; Hervé Corre et Marguerite Fichou (1748) ; Alain Corre et Jeanne Abgrall (1776), leur fille épousera le meunier Yves Milbéo.
– Ar Roudour : attesté par le bureau de contrôle de Landivisiau (20 C 15/5, fol. 36 – Table des baux à ferme, 2 janvier 1777 au 22 août 1784).
– Moudennou : Claude Goarnisson (†1766). Sa veuve alla en suite au moulin de Kerlaviou, son fils a tenu Kersauson. François-Marie Tourmen y est né en 1811, il sera charpentier de moulin. Joseph Kerhoant (1841), meunier, il sera aussi sous brigadier des douanes. Louis Queinnec (1884) ;
Intéressons-nous au seul moulin de l'Horn.
Kersauzon
Sur la carte de Cassini, en 1780, un moulin apparaît au-dessus du lieu-dit Lostalen. Nous sommes tout au sud de l'Horn dont la source naît dans les marais avoisinants. Le moulin se situe près de la route allant du bourg à Landivisiau.
Lostalen signifie le bout de l'étang. C'est aussi un patronyme. Deux fermes portent ici ce nom : Lostalen-Braz et Lostalen-Bihan. Un peu plus au nord de ces lieux-dits, à Kersauzon, s'étend effectivement un étang. Le cadastre de 1827 nous le montre avec son moulin et une métairie dépendant du manoir.
Les Kersauzon étaient seigneurs de la paroisse de Ploëlan, autre nom de Guiclan. Armes : De gueules au fermoir d'argent. Devise bretonne : Pred eo ; Pred a
vo Kersaoson, Prêt, toujours prêt Kersauzon ! Ce que d'autres traduisent par Il est temps, il sera temps. Mais bon, Amzer zo...
Étymologiquement, Kersauzon signifie la maison des Anglais. Une tradition veut que cette famille soit venue d'Outre-Manche. Mais entre les vagues migratoires venues d'Outre-Manche et la fixation définitive des patronymes, il y a loin de la coupe aux lèvres.
Le manoir de Kersauzon se situait à 4 km du bourg, à l'ouest de la paroisse. Si situait car si le hameau demeure, la maison manale a été rasée. La généalogie de la maison remonte à Pierre de Kersauzon, chevalier, présent aux États de Bretagne, à Nantes, en 1057. On ne sait avec qui il fit alliance. Mais ses descendants jurent que la seigneurie de Kersauzon existait bien avant lui à Ploëlan. De là partit un croisé, Robert, en 1248.
Dès 1260, le manoir de Kersauzon est le chef-lieu d'un fief de haute, moyenne et basse justice ressortissant à Landivisiau. Mais, très vite, le siège de la juridiction se déplaça à Kersaint-Guily. On y jugeait des affaires de successions, de limites de propriétés mais aussi d'enfreintes aux obligations de moudre son grain au moulin de son seigneur. Les justiciables étaient les paroissiens de Guiclan mais aussi de Plouvorn. En 1716, ils pouvaient faire appel auprès de la cour de Daoudour-Coetmeur, à Landivisiau qui statuait pour cinq seigneuries.
En 1327 mourut Guillaume de Kersauzon, évêque de Léon. Il fit reconstruire une partie de la cathédrale de Saint-Pol où il serait enterré, selon Pol de Courcy. Mais pour Messieurs de Sainte-Marthe, il fut inhumé "dans son église en la chapelle de Kersauson". Cette fameuse chapelle dont nous allons bientôt reparler.
Un dicton voulait que les ramages de cette maison soient innombrables :
Frappez un buisson
Il en sortira un Kersauzon
Cependant, le nom de la branche maîtresse a bien failli s'éteindre vers 1380 avec la dernière héritière de la maison, Suzette, épouse de Salomon Le Ny, chambellan du duc de Bretagne. Mais selon leur volonté, leur fils Hervé transmit le nom et les armes des Kersauson à ses descendants issus de son mariage en 1420 avec Amice de Pontplaincoët.
Par contrat du 19 mai 1590, dans un partage qui leur attribue le "lieu noble de Kernabat et plusieurs autres", Loys et Jean de Kersauzon furent tenus envers François de Kersauzon, leur demi-frère aîné, de "lui payer chacun an, en son lieu et manoir de Kersauson, le jour de l'Epiphanye à touiours, une paire d'éperons dorés." Ce partage intervint, précise le contrat, après la mort de Tanguy de Kersauzon, "leur père commun". Les deux juveigneurs sont alors sous sous la tutelle de Claude Le Ny, seconde épouse de leur défunt père "de bonne mémoire".
pourtant, Le Guennec écrit : "De grandes foires, concédées en 1595 par Henry IV à Tanguy, seigneur de Kersauzon et de Kersaintgily, se tenaient jadis sur le placître..." Tanguy était mort depuis au moins cinq ans. Historien de la commune, Yves Miossec soutient cependant que Tanguy de Kersauzon n'est décédé qu'après que Henry IV lui ait accordé ses privilèges par lettres patentes. Cette foire existait en tout cas depuis des temps immémoriaux. Une partie des droits allaient au recteur de Guiclan. Ils furent donc accordés à la famille de Kersauzon en 1595.
Dans les années 1660, le sénéchal de la juridiction de Kersauzon était Olivier de L'Orme, dit encore Julien Ollivier. Il épousa Jeanne Le Menez, demoiselle de Val-Fontaine, du manoir de Coatmeal en Lanhouarneau. Il habite d'abord dans la maison des Kersauson, à Landivisiau avant d'établir sa résidence au manoir même de la familleà Guiclan. Là, son épouse est morte le 30 juin 1661. On ne voit pas d'enfant mort-né accompagner ce décès. Elle est inhumée dans le tombeau de la famille Kersauson, du côté de l'évangile du grand autel.
Peu après, le 9 août, Paul, un serviteur des Kersauzon mourut "d'une blessure qu'il reçut dans une querelle à la foire de Kersaint-Guilly". On l'ensevelit dans la chapelle de Kersauzon.
Veuf, le sénéchal de L'Orme se remaria très vite à Anne de Treourez Eflam. Celle-ci subit le même sort que sa devancière le 13 août 1663. Elle est ensevelie dans la chapelle de Kersauzon mais dans une tombe relevant de la maison et non point dans ce qui semble être une fosse commune. Car dans l'église de Guiclan, la chapelle de Kersauzon est, comme les autres, très accueillante. En feuilletant les vieux registres, on trouvera foule d'inhumations "dans la chapelle de Kersaoson en cette église". C'est le cas de Jean Cosmao, mort le 26 avril 1664 au manoir de Kersauzon. Mais aussi de roturiers décédés dans des villages voisins. On enterre partout dans l'église de Guiclan : dans les chapelles, la nef, le chœur, sous le marchepied de l'autel Saint-Jean, près du font baptismal, sous la chaise du prédicateur...
A la même époque, Catherine Charles, du moulin de Kerauzon, mourut le 27e jour de may 1663 et fut inhumée quant à elle dans la chapelle de Kergoat.
Lorsque Prigent de Kersauzon décède en 1674, ses enfants sont placés sous tutelle de
leur mère et sous curatelle du chevalier François de Kerguiziau, seigneur de Kerscao. Qui déclare, en 1678, les héritages des trois enfants Kersauzon. A savoir, en la paroisse de
Guiclan, le lieu noble, manoir de Kersauson, avec sa chapelle et
dépendances, moulin et vestiges de colombier, le lieu noble de Penancoat
ou Lostallen, Le lieu noble et manoir, dit vulgairement de Kersaint-Gilly, etc
Siège d'une foire très courue, Kersaint-Gilly vu par Louis Le Guennec. Au centre, la croix de 1580.
En 1695, le marquis Jacques-Gilles de Kersauson se décida à faire restaurer sa chapelle. Peintre de Saint-Pol, Michel Grall dessina le blason et les plans des vitraux. Les membres du conseil de fabrique demandèrent au marquis de leur fournir le bois nécessaire à la charpente. Bois que notre noble homme se permit de leur facturer.
Meuniers et possédants
En
1701, Jean Le Vezo et Françoise Kergoat sont meuniers à Kersauzon. Jean
était auparavant au Moulin-Neuf, à cheval sur Guiclan et Plouvorn.
En 1716, Sébastien Fer est meunier à Kersauzon, il est l'époux de Jeanne Moallic.
Conseiller au Parlement de Bretagne, le marquis Jacques-Gilles de Kersauzon, par son mariage avec Bonnaventure-Julienne de Brézal, établit sa résidence au château de son épouse en 1710.
Mais la famille ne perdit rien de son influence sur la paroisse. Notamment sur la plan judiciaire. Le
1er août 1733, maître Louis Bolloré, notaire de la jurdiction de
Kersauson grimpa dans le clocher de Guiclan pour en examiner la cloche
avant sa descente. Il était écuyer et seigneur de Kerbalanec. Messire Pierre-Olivier-Basille de Tronjoly était quant à lui sénéchal de Kersauzon et de Botmeur en 1736.
Outre le manoir à son nom, la famille de Kersauzon possédait en 1744 ses métairies, le moulin, et le Moulin-Neuf
en Plouvorn, les terres de Lostalenn, de Kervézennec, de Kerlaoudet, du
Combot, du Rest, les fermes de Penanprat et de Kersaint-Gily. Ce qui représentait un revenu total de 4 886 livres.
Jean Abgrall et Anne Pichon étaient alors les meuniers et l'épouse est décédée là en 1745.
Il est dit que le nouveau marquis de Kersauzon se désintéressait alors de la paroisse. Jean-Jacques de Kersauzon, époux de Saizy de Kerampuil, recevra à Brézal le futur Charles X ou encore le futur duc d'Orléans.
En 1759, le manoir de Kersauzon est habité par Yves Francquet, Sr de Creac'hanton.
En 1760, le sénéchal de la juridiction, siégeant à Kersaint-Guily, est le sieur Kerlosquet. Le poste est vacant en 1765 et assuré par Louis Claude René du Couëdic.
La famille Guillerm
En 1765 naît une petite Jeanne au moulin de Kersauzon. Ses parents sont Jean Madec et Anne Guillerm. Ils resteront là une dizaine d'années, donnant naissance à d'autres enfants avant de s'établir un peu plus loin, à Kersaint-Guily. Madec est d'une famille de meuniers originaire de Carantec. La petite fille qui vient de naître finira sa vie comme mendiante. Les Guillerm tiennent alors le moulin. Veuf de Jeanne Cueff, natif de Plouvorn, Guillaume Guillerm est le patriarche. Il meurt à 65 ans à Kersauzon le 31 décembre 1768
De loin les propriétaires historiques sont toujours en filigrane. Mais voici un tournant important. A la mort du marquis de Kersauson, en 1788, sa fille aînée fit entrer la seigneurie de ce
nom dans l'escarcelle du comte Hyacinthe de Tinténiac. De son vivant, le marquis avait bien tenté d'amener Tinténiac à perpétuer le nom des Kersauzon. Mais son gendre sut flatter son orgueil en lui tressant ces louanges :
N'est noble que de nom
Qui ne porte au ceinturon
La boucle de Kersauzon.
Et le marquis ainsi payé de mots ne réclama plus aucun dû. Mais son nom se perpétua dans la toponymie locale et à l'église paroissiale où les armes des Kersauzon étaient sculptées dans le banc d'honneur. La famille avait aussi ses tombes, sa chapelle...
Le dernier sénéchal de la justice seigneuriale fut le sieur Coroller. Lors de la rédaction des cahiers de doléances, le dimanche 29 mars 1789, les Guiclanais furent d'avis de permettre aux vassaux d'acquérir les droits de suite de moulin à un prix fixé par les Etats généraux.
La famille Breton
La famille Breton est attestée au moulin Kersauzon de 1791 à 1858. Tout commence par un double mariage. Le 28 février, Messire Jézéquel, curé de Guiclan, a devant lui deux frères. Et ils ont le même prénom : Yves. Ils sont fils de Claude Breton et de feue Louise Bian et nous viennent de Plouvorn. Deux sœurs sont à leurs côtés : Barbe et Jeanne, filles de Pierre Guillerm et de Marie Rolland, de Guiclan. Nos deux garçons sont fils de meunier. Leur père vient de perdre sa femme et vit au moulin de Kervennec, à Plouvorn.
Un an plus tard, le 10 mars 1792, Yves et Barbe accueillent leur premier enfant au moulin de Kersauzon. On le prénomme Yves et c'est son oncle Yves qui fait office de parrain en signant d'une écriture assurée, ce que ne peut faire la marraine, Marie Rolland. Quelque mois plus tard, le père de nos deux Yves se remaria avec une veuve, Marguerite Maurice, qui, hélas, ne vivra guère. Alors, le vieux farineux de Kervennec convolera une troisième fois.
1792, c'est aussi l'année où Xavérine de Kersauzon et le marquis de
Tintégniac, propriétaires du manoir et dépendances émigrent. En 1807, à Rouen, leur fille Jeanne de Tinténiac épousa Joseph Le Bihan de Pennelé avec qui elle eut quatre enfants. Ainsi l'ancienne seigneurie de Kersauson fut elle propriété de cette famille localisée à Saint-Martin-des-Champs. (Source : Joseph-Marie de Kersauson de Pennendreff, 1884).
En 1827, les héritiers de Pennelé ont en effet pied dans le quartier de Kersauson mais le manoir, la métairie appartiennent à de Serre de Saint-Roman, de Paris. Militaire, fils de guillotiné, homme politique hostile à Louis-Philippe, il est marié en seconde note à Marie-Jeanne-Françoise de Tinteniac.
Alexis Jacques de Serres.
En revanche, le moulin appartient à Jean-Baptiste Prigent de Kerallain, médecin à Quimper. Natif de Lannion, Kerallain est marié avec Renée Jeanne Renouard de Boisboulay. Le moulin est entouré d'une lande appelée Coat-al-Lenn, une terre labourable et un taillis appelés Parc-Huella, divers pièces de terre nommés Parc-Lenn et Parc-Creis, Parc-ar-Milin et Ar-Jardin,
François Fer possède une cabane à Kersauzon (420), de La Monneraie, de Morlaix y tient le taillis Coat-ar-Feunteun (421).
Au recensement de 1838, le moulin est ainsi peuplé : Yves Breton, 70 ans et Barbe Guilherm, 72, Yves Breton fils, 44 ans et Marie-Jeanne Pencreac'h, 48. Tous quatre sont qualifiés de meuniers. On recense encore Anne, Marie et Barbe Breton, âgés de 7 à 14 ans, Hervé Breton, cultivateur de 28 ans et Louis Caroff, domestique de 41 ans.
Le 4 juillet 1842, Yves Breton père rendit l'âme. Il avait 78 ans et était veuf. Son fils déclara le décès en mairie en se disant cultivateur et meunier. En revanche, on note avec étonnement que son père est dit fils d'autre Yves Breton et Anne Postec. Or ses vrais parents se nommaient Claude Breton et Louise Bian.
Yves Breton fils continua d'exploiter le moulin de Kersauzon. Sa fille Marie épousa François Menez en 1847. Il était né au moulin voisin du Guer. L'association entre Yves et son gendre dura alors près de 20 ans. Breton mourut en 1866, laissant le moulin en de bonnes mains.
Les Menez, derniers meuniers
En 1866, la famille Menez compte six enfants, un fournier en la personne de Thomas Bourlès, deux domestiques, Jérôme Charles et François Madec, une servante, Marie Nicolas. Nos meuniers sont alors entourés de huit sabotiers qui tirent leurs revenus des bois environnants
Et la roue tourna. L'aîné des Ménez, Joseph Marie, épousa la fille du meunier de Kerdéland où il alla s'établir. Il était surnommé Chob ar Vilin ou encore Chob ar Porteser. Il est décédé au manoir de Kerdéland en 1931. Son petit-fils fit l'objet d'une curiosité qui attira à Guiclan la presse nationale. Le 12 février 1952, elle fut des six mariées qui furent unies au même moment à la mairie puis l'église de Guiclan.
L'aîné des Ménez.
Son frère Yves, né à Kersauzon en 1851 a tenu le moulin avec Jeannie Pouliquen. Ils y ont eu sept enfants. Surnommé Saïk de Kersauzon, Yves fut le dernier meunier de notre moulin et était encore recensé comme tel en 1906. Après quoi, on le déclarera comme cultivateur. Il est décédé en 1924 et son fils lui succéda dans cette tâche. Mais trois ans avant sa disparition il aurait, selon la famille, hérité par tirage au sort du moulin du Guern. Aucun meunier n'y est cependant recensé comme tel en 1921.
Mathurin Ménez, autre frère, né à Kersauzon en 1856, partit tenir le moulin de Brézal, propriété d'Albert Le Roux, en 1904. Il en fut le dernier meunier et endossa lui aussi le métier de cultivateur tandis que son épouse était débitante. Il est décédé en 1924.
Enfin Pierre Ménez, né à Kersauzon en 1858, est mort à Milin ar Bellec, dit aujourd'hui moulin aux Prêtres, à Landivisiau, en 1953.
A l'époque des Ménez, l'ancienne métairie de Kersauzon a longtemps abrité la famille Bécam. Guiclan
a compté au moins douze moulins. Dont sept sur la Penzé qui borde son territoire
: les moulins de Kerougay, Kerlaviou, Moulin-Neuf, Kerdéland, Kernabat
et Trévilis. Cinq autres étaient disséminés sur divers ruisseaux : les
moulins du Ponthou, de Lézérazien, de Kersauzon, du Cosquérou et du
Guern. Seul celui de Kersauzon semble concerner l'Horn.
"Le manoir de Kersauson, regrettait Louis Le Guennec dans les années 30 n'existe plus ; on voit encore quelques vieux bâtiments, près d'un joli étang actionnant l'antique moulin féodal." Depuis, tout à disparu.
► LES MOULINS DE PLOUVORN
Sources
Guiclan, une vieille paroisse bretonne, Yves Miossec, Edition du Liogan, 1994.
Le Finistère monumental, Louis Le Guennec,
Généalogie Ménez, par Catherine Crenn, Généanet.
Dictionnaire historique et géographique, Marteville et Varin, 1843.
Bâtards nobles, par Garion Jean-Miliau.
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