jeudi 25 avril 2024

DEGEMER MAT E MANER KERHOANT

A partir d'un lieu précis — le manoir de Kerhoant, berceau de notre famille — ce site navigue dans l'histoire de Bretagne. Kerhoant en est un raccourci. On y a abrité des nobles, des meuniers, des paysans, des ouvriers agricoles, le dernier recteur de Saint-Pol, son premier maire républicain, des prisonniers allemands... puis des occupants allemands. Et ne nouveau des prisonniers ! 
On y a pratiqué l'élevage, comme ces postiers bretons primés dans les concours, armé un goémonier, fabriqué du pain, cultivé le lin et bien-sûr les choux-fleurs, les artichauts. On y a vu aussi passer les trains, s'élever des blockhaus. Bref, vous trouverez donc ici anecdotes, légendes, coutumes, généalogie...  
 
SOMMAIRE
 
Ma vie de château à Brest. 1ère partie2e partie3e 4e 5e Fin
Les moulins de l'Horn. Généralités Moulins de Guiclan  Plouvorn PlougourvestMespaul

L'ancien domaine de Kerhoant se situe à cheval sur Saint-Pol-de-Léon et Plougoulm. Dominant la vallée de l'Horn, un œil sur l'ancienne voie romaine, il fut un observatoire privilégié des événements qui marquèrent la région. Il en résume aussi l'épopée.
Kerhoant, ce fut d'abord le berceau d'une famille noble qui, quittant le Léon, allait donner son nom à un marquisat du Maine. Un temps, Montoire s'appellera en effet Querhoent. 
 
Après les Kerhoënt, la maison passa aux Névet puis, racheté par le plus riche prébendier de Bretagne, devint une dépendance du château de Kerjean. C'est là que vint mourir en cachette un vieux pirate pourchassé par sa femme. Le tout dernier recteur de Saint-Pol-de-Léon y a vu le jour et s'y cachera des révolutionnaires. En revanche, le premier maire républicain de la commune y est également né.


 
Mais Kerhoant, ce fut surtout le vivier de paysans aisés qui contribuèrent à façonner le Léon. Tous prénommés Claude, de père en fils, les Creach cultivent le lin, font tourner un, deux,  trois moulins, ils arment un goémonier pour amender leur terre, engagent leurs chevaux dans les concours agricoles, plantent les premiers primeurs. 

Un temps, c'est la plus grosse exploitation agricole de Saint-Pol-de-Léon. Et la seule qui, au petit matin, ne va pas puiser sa main-d'œuvre au marché d'hommes, transis sur le parvis de la cathédrale. Sur mon honneur était la devise de Kerhoant. Leurs successeurs n'y ont pas failli... 

Et puis un train traversa ses terres. Et puis les Allemands de la seconde guerre y établirent leur QG, des batteries. Et puis, et puis...

Et puis voici donc la chronique d'une ferme bretonne. N'hésitez pas à apporter votre pierre à l'édifice.

   Laurent QUEVILLY


 


Les résistantes

 








Cette photo est terrifiante, même si l'expression est exagérée. Mais l'accablement est palpable sur la physionomie de la plupart de ces Ursulines. Qui sont elles ? Expulsées de leur couvent en 1907, elles ont fondé une maison de résistance dans une habitation ayant appartenu à Mlle Duval de Raisnais. 

Voici de gauche à droite, à partir du 1er rang, le nom de naissance et de religion de ces treize nonnes. 1 : Quéinnec, sœur Marie du Rosaise. 2: Cocaign, Marie Madeleine de Jésus. 3 Ollivier, M. M. de la Visitation. 4: Breton, M.M.  Xavier. 5 : Duval. M. Anne de Jésus.

Second rang, de gauche à droite. 6 : à identifier, 7 : à identifier, 8: Hamon, M.M. de la Nativité, 9: Pellen, M. M. du Cœur de Jésus, 10: Falhon, M. Emmanuel.

Dernier rang. 11 : à identifier, 12: Habasqe, M.M Ephrenn,  13 : Tréguer, sœur Saint-André,


mercredi 24 avril 2024

Les Kerhoënt à Elliant

 Aveu de François de Kercoant et Jeanne de Botigneau1

1 Source : Arch.dép. Loire-Atlantique,  B 1214 – Retranscrit par www.bodelian.org

Adveu minu et dénombrement de terres, héritages, rentes, chefrentes, seigneuries, juridictions privillèges et autres droits, que haut et puissant Messire François Kercoant, Chevallier de l'Ordre du Roy et Dame Jeanne de Boitigneau, sa compagne, seigneur et dame de Kergornadech Botigneau, Tréanna, Goarlot, Le Stang, Troeon, Coetguelfen, Moros, Trividan, Kerligouar et autres, tiennent prochement et ligement soubs le Roy nostre Sire, à debvoir de foy, hommage et rachapt quand le cas eschept en la juridiction de Conq, Foesnant et Rosporden ; & fournissent à sadite Majesté en sa Chambre des Comptes de Païs et Duché de Bretagne ; lesquels héritages sont eschus et advenus à ladite dame de Boitigneau par la succession collatérale de Haut et Puissant Louis de Tréanna vivant seigneur desdits lieux de Tréanna, Moros, Trividan, Kerliougar, décédé sans hoir de son corps puis les trante six ans.

Et Premier

En la paroisse Deliant

Le mannoir de Tréanna avecq tous et chacuns ses yssues, despandances et apartenances tant maisons, estables, creiches, portes, jardins, vergers, courtils, collombier, bois de haulte fustaye, bois taillis ; avecq la métaierie noble en despendant et joignant ledit manoir avecq ses parcs, prés et preries ; estant à présent tenu à ferme avecq Jan Jestin & Jan Calloch vallant par commune année la somme de soixante livres tournois...

Item les moulins à eau dudit manoir de Tréanna estans soubs une même couverture, l'un blancq, l'autre roux ; vallants par commune estimation, charges des réparations portés, chacun an la somme de soixante livres tournoys et pour cy ...

Item, Autre moulin à eau dépendant dudit Tréanna, appellés les moullins d'Esliant sittués, ès mettes et appartenances du bourg parochial d'Esliant donnant d'un bout vers le midy sur le grand chemin qui mesne du Bourg en la Chapelle de Notre Dame de Kerdévot ; & d'autre endroit sur les terres audit seigneur et dame de Kergonadech ; tenus soubs eux par Christofle Kerluan demeurant audit Bourg d'Esliant, Guillaume Le Roy & consorts du village de Kergoff. Lesdits moulins tant roux que blanc estant soubs une mesme couverture ; vallant par commune estimation chacun an, charges des réparations portés, la somme de quarante livres tournois. Cy ...

Item, une tenue noble despandante des mettes de Tréanna... tenue par Yvon Le Gal.

Item, une autre tenue noble sittuée ès mettes dudit Tréanna... tenue par François Le Bris et Guézennec Le Bris, son fils

Item, le village de Pennaech Tréanna tenue par Jan Le Breton et Yvon Le Breton, son fils.

Item, deux pièces de terre cernées de fossés scittuées ès mettes et issues du village de Kerscaouff... tenue par Charles Richard.

Item, héritages sittués ès mettes et appartenances du village de Kerscaouff... tenue par Hervé Roscquet et Margueritte Lernévez sa femme.

Item, une tenue et metairie sittuée audit village de Kerscaouff et issues du village de Kerscaouff... tenue et profitée par Charles Richard.

Sur Parc an Leurguer aux issues du village de Kergaouan tenue par Jan Le Corniguel et Catherine Le Lagadec, sa femme.

Sur Parc Gueguen an Leurguer aux issues du village de Kergaouan tenue par (?) Guéguen, garde pour ses enfants par luy procréés en déffunte Le Coz, sa femme

au village de Kergaouan tenue par le Guézennec Le Guet (?)

au village de Kermestrou tenue par Guézennec Crédou, Jean Crédou, son fils, et Catherine Calloch, femme dudit Jan Crédou, Missire Yves Jahouen, prestre

au village de Kernao tenue par Catherine Aultret et ses enfants en elle procréés par feu Allain Le Duff son mary donnant devers soleil couchant sur un parc profité par Thépault Le Roy

au village de Quernao tenue par Thépault Le Roy et Louise Le Guet, sa femme

au village de Kernao tenue par François Le Bris et Guézennec Le Bris, son fils

au village de Kernao profitée autre fois Guézennec Caloff (sic) et à présent par Hervé Gguillou.

Item, deux lieux et tenues avecq leurs despendances sittués és issues et appartenances du village de Quillien tenus et profités à présent par Yvon Le Nouellec et Catherine Le Hader, sa femme, et autres.

Item, tout le lieu et village de Kermorin tenu et profité par Louis Bourbigau.

Item, une tenue avecq ses issues et appartenances sittuée au village de Kerviel tenu et profités par Raoul Lozrec.

Item, le lieu et manoir de Kerrouant

Item, le lieu et manoir de Toulbrochet...tenu et profité par Cristophle Thomas.

Item, le village de Kergoff tenu et profités par Guillaume Le Roy et Paoul Le Roy, son fils Guézennec Monfort, Anne Connan, veuffve de feu Jullien Le Pellet, comme garde de la fille en elle procrée par ledit Pellet.

Item, une tenue aveq ses issues et appartenances sittuée au manoir de Landanet tenu et profité par Béatrice Jehannès, veuffve de feu Pierre Thépault, Jan Jehannès, garde des enfants dudit Thépault.

au manoir de Landanet tenu et profité par Yvon Le Roux et Louise Nicolas, sa femme fesant devers soleil levant sur … Vincent Le Roy

aux issues du manoir de Landanet tenu et profité par néant fesant devers oriant sur (…) Louis Gourmellen fesant devers midy sur (…) Béatrice Jehannès et ses mineurs fesant devers couchant sur (...) ledit Le Roy

...

La garenne de Keriagu Guézennec Gourmellen.

...

Allain Guéguen.

Le village de Keroniel, Guézennec Le Breton, Marye Le Créoff veuffve de feu Yvon Laouénnan.

Le village de Kernechquet profité autre fois par Jan Guillou et à présent par Jan Bléaugat.

Item, une tenue dependante du village de Kerascouet profité par Bernard Penglaou.

Une maison et ses yssues et courtil derrière... au village de Keranvéau Nouel Sanséau donnant devers occidant sur parc à Mahé Le Guiffant.

Près le village de Kervilli Germain Le Flao donnant devers le midy sur terres profitées par Bernard Beuff.

Aux issues du manoir de Keranmoellic Louis Le Cavallat.

Lès le bourg parrochial d'Esliant Yvon Le Lenec, Ambroise Le Bris.

Au Bourg d'Ellient Jan Le Gal.

Au Bourg parrochial d'Eslient au devant de la place de St Gilles Guillaume Le Barillec et Anne Conan, sa femme

Au Bourg parochial d'Ellient Margueritte Le Bihan, veuffve de feu Estienne Le Menez.

Au village de Penfouennec Izellaff autre fois Pierre Prunen et Jan Prunenet Anne Le Guiffant, veuffve de Allain Le Flaou et à présent profité par Henry Le Moal et Béatrice Jeannès, métaïer du Sieur de la Chapelle

Au village de Penfouennec Uhellaff profité par Jean Jehannès et Mathieu Le Guenel.

Item le lieu et tenuë de Jan Nicot au village de Pensorn autrement Ty Map Jally tenue et proffiltée par ledit Nicot.

Audit village de Pensorn Allain Le Pelletier et Marie Conan, sa femme

Plus le lieu & tenue o ses yssues, et appartenances, ou demeurent tiennent & proffiltent, audit tiltre de domaine congéable Yvon Le Du & les héritiers d'Adelice Kerrun au village de Laniguet, soubz lesdits seigneur et dame de Kergournadech pour en payer par an audit terme de Sainct-Michel Cent dix soulz monnoie, deux combles avoine, deux chapons & un mouton ; & pour ce .... 5 # 10 s monnoie, ...

Item, un lieu & tenuë scittué audit village du Laniguet tenu & profilté à pareil tiltre de domine congéable par Yvon Ranou, soubz lesdits seigneur & dame de Kergournadech pour en payer chacun an & terme de la Saint-Michel cent saise soulz monnoye. Et pour cy ... 5 # 16 s monnoie

Item, dessus les terres & héritages sittués audit village de Laniguet tenu et proffilté audit tiltre de domaine congéable soubz lesdits seigneur et dame de Kergournadech par Vénérable personne Missire Hervé Le Hader, prestre & recteur de la paroisse d'Esliant & Catherine Le Hader, sa sœur pour en payer par chacun an et terme de la Sainct-Michel cinqte sols monnoie. Cy ... 50 s monnoie

Item, le lieu et village de Kertanguy Jan Le Masson.

Item, deux lieux et tenues sittués au village de Larlan Louis Urvoy, Allain Calloch.

Item, le lieu et village de Gouazavet ledit Allain Calloch.

Item, le lieu et tenue ... au village du Cozquer Yvon Jaouan.

Item, autre lieu et tenue ... au village du Cozquer Jan Le Bris.

Item, le lieu et tenue ... au village du Kervillonnen Henry Le Moel.

Item, autre lieu et tenue ... au village du Kervillonnen Jan Le Berre.

Item,... un parc et pièce de terre appelée vulgairement Kerspernic Thepault Le Roy donnant devers soleil levant sur terres proffitées par Yves Monfort.

Item,... un parc et pièce de terre ... aux issues du village de Malvray Allain Le Cottes, mary et espoux de Janne Le Calloch.

Item,... aux issues dudit Malvray Hervé Colliou et Marie Lalloch, sa femme.

f° 012 v

Item,... au village de... Yvon Jestin et Thepault Le Bris.

Item,... un parc appellé Parc en Men Bris profilté autrefois par Ollivier Le Corniguel donnant sur tenue profiltée par Germain Le Squerrou.

Item,... le village de... Allain Le Roux.

Item,... le village de... Jean Kerdéast et Marye Laouénan, sa mère, Gabriel Sallaun et Catherine Kerdéast, sa femme.

Item, un lieu et tènement et ses yssues, despendances et appartenances, scittuée au village de Kerilliec en ladite paroisse d'Eliant, tenu et proffilté à tiltre de domaine congéable à présent par Me Hiérosme Le Staguer, comme ayant eu le droit de Noble homme Louis Droniou soubs lesdits seigneur … ... et à présent ledit lieu tenu et tènement proffiltée soubs ledit Le Staguer à simple ferme par Jan Cozden.

En la paroisse de Loguoment

En la paroisse de Quernével

En la paroisse de Lanriec

En la paroisse de Trégunc

En la paroisse Melgven

En la paroisse de Beuzec Concq

En la paroisse de Névez

En la treffve de Locmaria en Hent

Ensuivent les fiefs & chefrantes de la seigneurye de Tréanna

Item... le lieu et mannoir noble de Keranmoellic... à présent appartenant à noble homme Jacques de Landanet, sieur dudit lieu et de Coetclévarec …

Item,... aux issues du mannoir noble de Keranmoellic Allain Le Rest.

Item,... aux issues du mannoir noble de Keranmoellic ... tenu à présent à métairye soubs ledit sieur de Coatclévarec par Jan Donnertz.

Item,... aux issues du mannoir noble de Keranmoellic Jan Le Rest.

Item,... aux issues du village de Kerdaynes ... et de Kerianic Pierre Guillermon et Marye Le Men sa femme

Item,... un parc appelé Prat Kerhallec sittué aux issues et appartenances du village de Kerillaouen Marye Sallaun et ses filles

Item,... un parc appelé Parc en Saoult Névez sittué aux issues et appartenances du village de Kernévez fesant devers l'oriant sur un parc appartenant à Guillaume Le Picquart et devers le midy et soleil couchant sur terres tenues par Allain Cozden.

... Lesdits deux parcs et pièces de terres cy devant describés appartenants à Louis Cozden.

Item, … contenant environ trois journeaux et demy de terre froide, fesant sur le grand chemin menant du Bourg d'Esliant en la ville de Concq & sur terre que tiennent lesdits Louis Goden, Marguerite Le Braennec et Henry Gourmelen. De tous autres endroits ledit parc et pièce de terre cy dessus spéciffiés tenus & proffilté par ledit Louis Cozden.

Item,... aux issues ... du village de Quernévez Tenu autre fois par Jean Le Bihan et à présent appartenant audit Louis oden donnant devers occidant sur terres que tient Guillaume Le Picart et devers oriant sur terres appartenants aux héritiers feu Henry Gourmellin.

Item,... aux issues ... du village de Kerhouantec tenu et proffilté par

Henry Lornec, garde des enffants de feu Jan Le Cornec.

Item, le total du village de Keranvéau Uhellanff appartenant à présent à Me Charles Pencoet et Louise Le Roux, sa femme et Louis Le Gal et Margueritte Le Guiffault et consorts

Item, ... au village de Penannech Esliant tenu et proffilté par Germain Le Flaou.

Item, ... au village de Penannech Esliant appartenant à Noble Homme Allain Le Coin, sieur de Kernafflen et à présent tenu et proffilté sous lui à simple ferme par Me Louis Besret et Janne Beret et Janne Le Dantec sa femme

Item, le total du village de Kervilly à présent tenu et proffilté par Germain Le Flaou.

Item, ... entre le village de Bullien et celui de Keranvéau proffiltés autre fois par Allain Le Cavalat et sa femme proffiltés à présent par Louis Cavalat, le jeune, tant en son nom que comme garde des enffants mineurs de feu Louis Le Cavallat, son frère

Item, ... aux issues du village de Bullien tenus et proffiltés à présent par Barnabas Le Lagadec, Marye Le Moel, sa femme, Guillaume Cozden et Jan Le Meur.

Item, ... aux issues du village du Mouster tenus et proffiltés à présent par Jan Le Cornicel, et Jan Rosperz, son gendre

Item, ... aux issues et appartenances des villages de Kerillaouen et de Kerrehes tenus et proffiltés à présent par Marie Sallaun, veuffve de feu Louis Le Pelletier et ses enffants

Item, ... le total de la moitié du village, ses issues, appartenances de Kermestrou tenus et proffiltés à présent par Missire Yves Jouan, prestre et Guézennec Crédou et Jan Crédou, père et fils

Item, ... aux issues et despandances de Kerianic ... fesant devers le midy sur l'eau qui devalle d'un moulin appartenant au sieur de Kerminiy qui se rend à un pont appellé an Pont Meur... tenus et proffiltés à présent par Allain Le Camalet, (sic) Charles Le Fou, et Guillaume Goden.

Item, ... deux parcs et pièces de terre … scittués entre les village de Kerdaynès et Kerglohou tenus et proffiltés à présent par Charles Le Flaou. 

Item, ... aux issues et appartenances de Saint Naiz où autre fois demeuroient feu Yvon Le Breton et à présent appartenant à - Adelice Lozech, femme de Yvon Cozden.

Item, ... parcs et pièces de terre donnant devers soleil couchant sur les frostaiges du mannoir de Landanet proffiltés à présent par Louis Bourbigau, et Guillaume Sévazec ?

Item, ... Parc an Toul Sluz … aux issues et despandances des villages de Kerrés et de Kerbiguet tenus et proffiltés à présent par Charles Le Roux, et Guézennec Calloch.

Item, ... le total du village de Kerrés tenus et proffiltés à présent par

Charlles Le Roux, et Jan Doniarts.

Item, ... aux issues du vilage de Keranvéau tenus et proffiltés à présent par Glezran Morvézen, et

Item, ... aux issues du vilage de Kergouant tenus et proffiltés à présent par Pierre Guéguen, garde de ses enfans par luy procréé en feue Marie Le Coz, sa femme.

Item, ... aux issues du vilage de Kersoues appartenants autre fois à Charles Guéguen Glezran Landanet tenus et proffiltés à présent par Henry Le Maou, et Louis Le Gal, et

Item, ... une maison sittuée audit bourg d'Esliant proffiltés autre fois par Jacques Le Ligiour et Françoise Le Briz, sa femme

Item, ... une maison sittuée audit bourg d'Esliant appartenant à présent à Escuier Allain du Landren Sieur de Coetforn et soubs luy tenue et proffiltée par Raoul Le Floch Guen et femme

Item, ... maisons, pourpris, courtils, aires, parcs ... audit bourg d'Esliant à présent tenus et proffiltés par Christofle Kerluhan, soubs le Sieur de Crechpenedich ? et consorts

Item, ... au village de Keraudren tenus et proffiltés à présent par Guillaume Le Guern, soubs noble homme Regnault de la Chapelle sieur dudit lieu

Item, ... au village de Kerlorq tenus et proffiltés à présent par Jan Lavellou.

Item, la seigneurie et dilligence appartenant audit seigneur et dame de Kergournadech, avecque une paire de gants honeste pour présenter à un seigneur, deübes de chefrante par chacun dit an à ladite seigneurie de Tréanna dessus un lieu, tenüe et tènement ô ses issues, appartenances et despandances appellé Kerfors, sittuée en ladite paroisse d'Esliant contenant soubs terres chaudes un journal et demy, et sur terres froides environ trois journeaux et demy s'entre joignants ensemble; scittués entre le mannoir de Rochantic et les villages de Kermorin et de Kerangan tenus et proffiltés à présent audit tiltre de domaigne congéable soubz Damoiselle Françoise du Haffont, dame de Rochantic par Jan et Pierre Le Meur...

Item, ... Kermatret en la treffve de Locmaria ...

Item, ... au village de Keranvéau Isellanff tenus et proffiltés autre fois par Ollivier Le Guiffant & à présent par Jan Le Guiffant

En la paroisse de Logomant

En la paroisse de Kernével

A cause de laquelle pieze et seigneuryë de Tréanna ledits seigneur et dame de Kergournadech ont et leur appartiennent tout terme droit de juridiction, haute, basse & moienne justice exercée en l'auditoire du bourg de Rosporden à l'issue de la court Royalle par sénéchal, baillif, lieutenant, procureur fiscal, greffier, sergent, création d'officiers, plaids généraux, dellivrance ordinaire et autres exploitz de justice; avecque vante, lods et rachapts patibulaires à trois pilliers scittué dans une montagne nommée la montagne du Crech, près le Bourg de Locmaria an Hent dans la paroisse d'Esliant. Breff tout droit à seigneur hault justicier appartenant. Lequel mannoir de Tréanna, terres, rentes, seigneurye et droits seigneuriaux sont et appartiennent à ladite dame de Kergournadech par la succession collatéralle de feu Hault et puissant Louis de Tréanna, vivant seigneur dudit lieu, son oncle maternel, décédé les trante et deux ou trante quattre ans derniers.

A cause de laquelle terre et seigneurye de Tréanna et Moros, ont lesdits seigneur et dame de Quergournadech, plusieurs préminences et droits honoriffiques en plusieurs esglises et chappelles et paroisses cy-dessus nommées, particulièrement en la paroisse d'Eliant ou est scittué ledit manoir de Tréanna ;

la supériorité après le Roy sur tous autres armoiries & plus haultz & éminantz lieux tant en vistres qu'en pierre avecq le droit de lizière & escabeau et enffeus ... prohibittive à tous autres. Ès chapelle de Locmaria an Hent, Sainte Anne en la paroisse de Lanriec ; ès esglises et chappelles estantz en la ville de Conquarneau, Saint Guenollay, Nostre Dame.

Comme aussi ont une chappelle en l'esglisse de Saint Corentin, cathédrale de Cornouaille audessus de la sacristie d'icelle et leurs armes en plusieurs autres vitres tant dans le Coeur d'icelle que de hors et en pierre en bosse aux portes et entrées principalles d'icelle esglize.

Devant nous nottaires royaux jurés et reçus en la cour de Lesneven ; ont comparus en leur personnes Hault et puissant Messire François de Kercoant et Dame Janne de Boitigneau sa compaigne, seigneur et dame de Quergournadech, Boitigneau, Coatquelfen, Lestang, Gouarlot, Tréanna, Kersalluden, Kerandraou, Moros et autres. Ladite dame de sondit seigneur et mary authorizée pour le présent faict demeurant en leur Chasteau de Quergournadech en la paroisse de Cleder, lesquels ont affirmé par leur foy et serment ; tout ce que dessus estre vray et contenir véritté. Et ont promis de le continuer et enthériner à l'advenir et pout présenter le présent adveu à sa Majesté en la Chambre des Comptes de ce païs, lesdits seigneur et dame ont nommé et institué l'un et chacun des procureurs de la dite Chambre et pour le procureur spécial Me [ ... blanc ... ] et chacun. Luy donnant tout pouvoir pertinent de ce faire et retirer tel acte qu'il plaira à nosseigneurs de ladite Chambre leur ... et promettent lesdits seigneurs et dame sur l'obligation et hipothèque de tous leurs biens avoir agréable ce que par leur procureur y sera faict.

Et sy par une advertance sic ils auroient obmis ou adjouté quelque chose au présent minu, préjudiciable à sadite Majesté ou auxdits seigneur et dame, ils protestent d'y augmenter ou diminuer s'il est trouvé se debvoir faire. Et pour ce que lesdits seigneur et dame l'ont ainsi voullu, promis avouer de leur consentement condamnez. Faict et gré audit chasteau de Kergournadech, soubz les signes desdits seigneurs et dame advouantz ô les signes de nousdits nottaires, le sixiesme jour de décembre mil six cents vingt trois apres midy et le cel de ladite court à ceste mis ledit jour & an.

Ainsi signé François Kercoant, Janne Botigneau, Gillart & David Noel, notaires royaux et selle...

samedi 20 avril 2024

La distribution des prix aux Ursulines

 

La distribution des prix avait lieu le 14 Juillet ; c'était un événement auquel on se préparait de longue date. 

La cérémonie se passait à Sainte-Anne dans une très vaste salle située au premier étage et qui se terminait par un petit théâtre.

 Les élèves étaient installées sur des gradins à droite ; les familles se pressaient dans la salle où l'on avait rassemblé les chaises et les bancs de tout Sainte-Anne. Au premier rang, il y avait les autorités, parfois Mère Provinciale, Mère Prieure, Monsieur le curé Treussier, Monsieur l'aumônier Goulven, le supérieur du collège du Kreisker... derrière eux, les familles les plus importantes de Saint-Pol.

 Le palmarès était lu par Monsieur l'abbé Galès dont la haute taille et la voix de stentor faisaient merveille. A l'appel de son nom, l'élève montait quelques marches, à droite du théâtre, recevait son livre et traversait l'avant-scène, pour redescendre par la gauche... avant de regagner sa place, il lui fallait passer devant les autorités en les saluant respectueusement. On applaudissait les prix d'excellence !

 Nous les petits avions des prix tout à fait charmants : prix de belle humeur, prix de bon sommeil, prix d'amabilité...

 Et il y avait du théâtre ! Les grandes s'essayaient à "Athalie" ou "Esther", les moyennes affrontaient "Le Cid", il y avait des chants, des chœurs à quatre et cinq voix, du piano, du violon... Les petits, habillés en Bretons et Bretonnes, dansaient la gavotte. La plus jolie était Yvonne Séité, habillée d'un très beau costume de Pont-Aven, tout brodé et galonné d'or ; ses beaux yeux noirs brillaient sous sa coiffe de dentelle. Elle eut grand succès et parut plaire à toute l'assemblée.

Chaque couple s'avançait à son tour sur le devant de la scène, saluait, faisait quelques pas de gavotte et s'en retournait au fond du théâtre pour attendre la ronde finale. 

J'avais pour cavalier Pierre Simon. Au moment de faire trois pas en avant, effrayé par cette salle comble, bavardant et riant, peut-être aussi par la vue de ses parents au tout premier rang, Pierre refusa d'avancer, je le tirais par la main, Mère Agnès l'encourageait des coulisses, le suivant le poussait : rien à faire, Pierre ne bougeait pas. La salle commençait à s'amuser.... Alors, pensant que la manière forte réussirait, là où la douleur échouait, je lui envoyai un bon coup de pied dans les tibias (j'avais des souliers neufs, les souliers qu'ont toutes les petites filles de France, de vernis noirs à bout rond avec une bride). La salle éclata de rire... Fureur ou douleur, Pierre fit les trois pas nécessaires, mais resta planté comme un piquet, refusant salut, révérence et pas de gavotte. Je fis le tout toute seule et nous regagnâmes le fond du théâtre sous les rires et les bravos.

Adulte, Pierre me disait : "Quand je pense que le seul coup de pied que j'ai reçu, c'est une femme qui me l'a donné !"

Une femme, c'est beaucoup dire, une gamine de cinq ans ; heureux temps, hélas ! passés et même trépassés..."

Marie Louise ALBERTINI-LESBROS.


 

mercredi 17 avril 2024

A Kermorus...

 Kerhoant, sur le cadastre et au recensement, faisait partie de la section H dite de Kermorus. Une légende voulait qu'un souterrain reliât les deux manoirs. Sans aller jusque là, écoutons Marie-Josèphe Quillévéré raconter ses jeunes années...

La maison natale à Kermorus

Située à quatre kilomètres de la ville, sur la route de Landivisiau, elle fait partie d'un ancien manoir. Construite sur cave, elle n'avait au rez-de-chaussée qu'une pièce unique. Dans la grande pièce, au Nord, face à l'entrée, on pouvait voir une rangée de trois lits clos... La grande table, elle, avait sa place, au Sud, entre deux petites fenêtres. Au fond de la pièce, on apercevait la grande cheminée.

Deux bancs étaient accostés aux lits clos, bancs coffres ou bancs avec portes et placards. La réserve de pommes de terre avait sa place ainsi, au-dessous des lits clos. Exception faite pour celui des grands-parents qui, le plus proche du foyer, n'avait pas de façade : on pouvait donc y loger les fagots de bois et d'ajoncs, pour alimenter la cheminée, seule source de chaleur.

Celle-ci servait aussi pour la préparation des repas, faire bouillir la lessive et chauffer la maison. Vous pouvez imaginer les marmites, cocottes et autres casseroles toutes enduites de suie et de fumée. Ces chaudrons et cocottes étaient raclés intérieurement à l'aide d'une coquille de bernique. Après la cuisson de la bouillie ou lorsque les pommes de terre avaient "collé".



Dans les lits clos, point de sommiers : de la paille bien rangée et une couette garnie de balle d'avoine que les marchands de Guiclan ou de Saint-Thégonnec vendaient sur les places de Saint-Pol, au mois de septembre. Les lits étaient refaits une fois par an avec de la paille fraîche et la couette de balle d'avoine bien bourrée, nous avions tout juste la place pour nous glisser entre la couette et le plafond du lit-clos mais c'était souple et ça sentait bon... Hélas ! La literie se tassait assez vite...

Les sommiers et les couettes de plumes de sont arrivés qu'après la guerre 1914-1918.

Au plafond noir de fumée de la pièce à vivre étaient suspendue une grand planche pour ranger les miches de pains de 14, 15 livres. On y plaçait aussi "ar blonnegen", c'est-à-dire de la graisse de porc salée qui servait pour la soupe aux choux et à cuire les pommes de terre.

Pendant la guerre, il fallait aller chercher le pain à Kerellec (5km à pied) et souvent attendre la fin de cuisson de la fournée. C'était aussi la ruée et la bagarre comme dans tous les temps de crise, pour savoir qui serait servi le premier !

Des escaliers en pierre menaient à la pièce unique de l'étage. Celle-ci n'avait qu'une seule grande fenêtre. Les armoires étaient alignées tout autour de la pièce. Chaque adulte avait la sienne pour y ranger ses costumes et affaires. Au fond, se trouvaient deux lits de côté surmontés de baldaquins desquels pendaient de larges rideaux de coton blanc qui permettaient de préserver une toute relative intimité. On trouvait aussi parfois une berceau près du lit des parents, un table ronde au centre de la pièce, dans un coin une vieille machine à coudre, plus tard, suprême luxe, une table de toilette avec un miroir.

Le 11 novembre 1918 est resté gravé dans ma mémoire... C'était un lundi. Grand-mère et ma sœur étaient au lavoir, occupées à leur lessive. Tout à coup, les cloches s'étaient mises à sonner à toute volée... A Vilar-Grenn, les carriers étaient sur la butte et criaient : "Echu ar brezel ! La guerre est finie ! Dans la famille, il y avait de la joie et des larmes mêlées, on pensait à celui qui ne reviendrait pas !

A Creach-ar-Mezec, le drapeau tricolore flottait à la fenêtre. Moi, je cherchais le mien, minuscule, et je le plantais dans le mur, près de la porte...

De la naissance à l'école

Ni clinique, ni maternité pour les accouchements. C'est à pied ou à cheval que le futur papa doit aller prévenir la sage-femme, "an amiegez". A Saint-Pol, à l'époque, j'en connaissais deux : Mme Godec qui portait la coiffe de la ville et Mme Cozic, une bourgeoise avec un chapeau. Entre temps, on allait également chercher une parente ou une voisine experte en la matière. C'est sur le banc, devant le lit clos ou sur la table de la cuisine que la sage-femme intervenait. Auparavant, les jeunes et les enfants étaient confiés à des voisins. Ne grande marmite d'eau était portée à ébullition ; certaines sages-femmes, entre autres, Rode de Plouénan, demandaient une bouteille ayant contenu du rhum ou de l'eau de vie pour servir à la toilette de l'accouchée.

C'est devant le feu de cheminée que l'on faisait la toilette du bébé. Le bain était inconnu. Une bassine et une lingette faisaient l'affaire. Une fine brassière dite "créés" sans doute par rapport à la toile de lin léonarde, une brassière de laine tricotée, une autre brassière en piqué blanc, une grande couche en coton, des langes plus ou moins épais selon la saison, et le fameux "luren", sorte de longue bande de tissu ou de coton tricoté avec lequel on ficelait le bébé, voilà quels étaient les vêtements du nouveau né. Ils étaient transformés en momie : il fallait bien serrer le tout pour éviter les luxations de la hanche, si répandues en Bretagne ! J'ai entendu dire que, quelques années auparavant, même les bras étaient emmaillotés!

Vers trois mois, on commençait à habiller bébé pour la journée, pour la nuit, retour à la momie. Jusqu'à environ trois ans, les garçons et les filles portaient des jupes et des jupons sans rien dessous... Vers trois ans, le garçon étrennait son premier pantalon en velours très souvent. Tout fier, il allait se montrer aux voisins et revenait, tout penaud, lorsque faute d'avoir pu se défaire à temps, il était victime de la grande marée !

Mes grands-parents se vouvoyaient tout le temps. Les enfants aussi disaient "vous", "c'hwi", aux parents et grands-parents.

Tad koz savait lire et écrire ; il parlait un peu le français. Ma grand-mère savait lire, mais le breton seulement ; elle ne savait pas écrire. Mes parents avaient fréquenté l'école primaire jusqu'à 11/12 ans, l'un chez les Frères de Ploërmel, près de l'actuel Cheval blanc, ma mère chez les Ursulines, dans les bâtiments de l'actuel lycée du Kreisker.

 














Pour moi-même, vers l'âge de sept ans, c'était l'école: l'angoisse ! Quatre kilomètres à pied, par tous les temps et sans savoir un mot de français ! L'angoisse aussi pour les parents !... Une voisine plus âgée était chargée de me chaperonner et de m'initier à ma nouvelle vie. En hiver, c'est avec la lanterne-tempête qu'on me conduisait jusqu'à la route... Le soir, la nuit était déjà tombée lorsqu'on rentrait... Le plus pénible, c'était lorsque les sabots frottaient nos chevilles, quelquefois ensanglantées, auxquelles collaient nos gros bas de laine. Toutefois, à la belle saison, nous avions le droit à des chaussures plus légères, et même parfois à des espadrilles.

Le matin, maman mettait dans nos sacs une tartine pour la récréation de 10 heures, des tranches de pain enveloppées dans un mouchoir pour la soupe de midi, une autre tartine avec du beurre ou de la confiture pour le retour à 16 heures. L'état de cette tartine, je ne vous le décris pas : avec la confiture, elle était trempée et toute délavée ; avec du beurre, ce n'était guère plus appétissant !... En été, celui-ci avait fondu et en hiver, pain et boulettes de beurre se promenaient chacun de leur côté....

Ne pas parler français n'a pas été un grand handicap pour la scolarité. Un enfant a, je croix, des facilités pour apprendre les langues. Je vous raconte quand même une petite anecdote : la classe chez les Ursulines commençait toujours par la prière ; on y faisait de nombreuses invocations... Lorsqu'il s'agissait des Saints, il fallait répondre :"Priez pour nous !" aux Saints Anges Gardiens: "Assistez nous !" Je ne comprenais pas ce que je disais mais, toute fière de ma science, j'expliquais à ma petite sœur que lorsqu'elle irait à l'école, il faudrait répondre "ar systernou" aux Saints Anges Gardiens !

Pour nous protéger de la pluie, nous avions une grande cape en gros drap bleu marine. Elle dégoulinait dans nos sabots ! Nous avions quelquefois des bas de rechange, parfois les sœurs nous les séchaient dans la cuisine. Le soir, le papa avait toujours quelque chose à réparer : les courroies des sabots ou les cartables.

Vers douze ans, j'ai eu mon premier vélo, mais il fallait apprendre à s'en servir. Quelle aventure ! Plusieurs fois, comme tous les autres, je suis allée "embrasser les enfants du cantonnier", comme on appelait alors les cailloux de la route. La dernière année, c'est donc à vélo que je faisais les trajets, et, le soir, mon père avait encore le vélo à réparer, car, avec les nids de poules et les clou semés par les sabots, il en fallait des rustines !


 

Les fêtes religieuses et profanes

Le baptême avait lieu habituellement le lendemain de la naissance. Bien emmailloté sous la robe de baptême qui servait de génération en génération, le bébé était confiés à la nounou, "ar vagerez", bien au chaud sous un grand châle de laine blanche qui, lui aussi, servait à tous les bébés de la famille, l'enfant accompagné du père, du parrain et de la marraine, faisait sa première sortie. La cérémonie terminée, on faisait sonner les cloches ; celles-ci étaient refusées lorsque les époux avaient organisé un bal lors du mariage, ou si l'enfant avait été conçu avant celui-ci. Autres temps, autres mœurs.

Pour la première communion, par de repas spécial avant les années 1919/20. C'est la mère souvent qui accompagne seule l'enfant. D'ailleurs, entre la messe de communion à 8 heures, la grand-messe à 10 heurs, le Rosaire à 13 heures suivi des Vêpres et de la procession, il ne restait pas beaucoup de temps libre !

J'accompagnais souvent ma grand-mère à la messe de 6 heures le dimanche. Ah ! Qu'il était bon le café au lait qu'elle m'offrait chez Janik de Kergus ou chez "Suter" ! De grand-mère, j'avais deux sous pour acheter des bonbons, de la réglisse, des noix, des fèves ou des châtaignes grillées,emballées dans du papier journal, chez "Paludik" ou chez Marie Jeanne de Plouénan, qui habitait rue du Pont-?Neuf.

Au mois de septembre, deux grandes promenades en carriole avec mes parents : le pardon de la Salette (toute une expédition) et la visite à N.-D. De Prat-Coulm. Nous prenions un bain de pied à Toul-an-Ouc'h... Au moulin de l'Evêque, nous faisions trempette dans la rivière l'Horn (c'est là qu'une fois une sangsue s'est collée à mon pied... quelle frayeur !) C'est de ce côté-là aussi aussi que nous avons ramassé des mûres et des noisettes avec grand-mère.


 L'hiver venu, c'était le temps des veillées. Après une journée de travail en commun, la soirée se terminait par des parties de cartes ou de dominos. Aux environs des fêtes de Noël, on s'invitait aussi pour une soirée de jeux ; celle-ci se terminait alors par un "?koant", un bol de café ou de thé avec tartine de beurre ou de lard.

Ce que j'aimais surtout, c'étaient les veillées en famille. J'en garderai toujours la nostalgie !!! Le repas du soir terminé, la vaisselle rangée, Tad Koz ou maman commençait la prière du soir. Tous à genoux, autour de la table, devant la cheminée, nous y participions , en breton bien sûr ! L'été, la prière était assez courte, les gens étaient trop fatigués... elle se rallongeait au moment de la Toussaint.

La vie était très dure à cause du travail et du manque de confort. Mais toute la famille était réunie : grands-parents, père et mère, oncles et tantes, enfants... Une lampe à pétrole, une flambée dans l'âtre, on se sentait vraiment bien ! Les femmes tricotaient ou préparaient leur trousseau, le grand-père fumait la pipe qu'il allumait d'un morceau de braise dans la cheminée... Mon père avait toujours quelque chose à réparer : sabots, cartables, chambres à air de vélo, pièces de harnais. Mamans, assise devant la cheminée, préparait le petit dernier pour la nuit.

A une période, nous cultivions un peu de chanvre, "kanab" en breton. On en faisait des cordes pour les besoins de la ferme. Le soir, les hommes cassaient la tige du chanvre pour en séparer les fils qu'ilz liaient par poignées. Le bois de la tige de chanvre était de l'épaisseur d'un crayon. Les enfants étaient chargés d'en faire des bâtonnets de 15 à 20 cm de longueur. Grand-mère faisait fondre du souffre dans une grande coquille de bernic posée sur la braise. Elle y trempait chaque bout des bâtonnets qui servaient ensuite d'allumettes. Celles-ci étaient rangées dans un vieux sabot fixé au mur dans la cheminée. Il fallait de la braise pour enflammer ces allumettes-là. Et gare ! Si nous avions le malheur de les jeter sans avoir utilisé les deux bouts.

Nous étions pauvres mais solidaires. Une naissance ou une maladie dans la famille ou le quartier : la maîtresse de maison lui rendait visite en apportant dans son panier du sucre, du café, de la chicorée, quelquefois un gâteau. C'était une façon de participer aux frais, il n'y avait pas de sécurité sociale pour les exploitants en ce temps-là ! Elle a été mise en place en 1959, après l'électricité en 1950 et avant l'eau courante en 1972 !

Beaucoup d'autres anecdotes me viennent en mémoire, mais il faut terminer en résumant.

La vie était dure, les marques d'affection n'étaient pas de mise, jamais de bisous ni de câlins dans la famille, mais la tendresse était diffuse. Nous étions jeunes et heureux, sans eau courante, sans électricité, sans radio, sans téléphone, sans télévision, sans ordinateur, sans Internet....

Puis-je me permettre, pour finir, une réflexion personnelle ? Chassez de votre cœur toute envie, toute convoitise, toute haine et toute amertume. Vivez en paix avec les autres, avec Dieu et avec vous-même.

 

Et si c'était là le secret du bonheur ?

C'est, à coup sûr, celui de la sérénité !

Marie-Josèphe TANGUY-QUILLEVERE

Source : bulletin des Ursulines