mardi 31 octobre 2023

4) Les moulins de Mespaul

Mespaul est arrosée par l'Horn au nord et à l'est qui sert de frontière avec Plouénan mais aussi par le Guillec qui, à l'ouest de la commune, marque la limite avec Trézilidé. 

Au centre du territoire, un affluent de l'Horn, doté d'un étang, sépare par ailleurs laisse sur sa gauche l'ancienne trêve de Sainte-Catherine et sur sa droite le bourg de Mespaul. Martainville et Varin comptent cinq moulins en 1843 et ne citent que Quidan, Cosquerou et Hoenner. Nous retrouvons le même nombre, tous situés sur l'Horn. Mespaul eut aussi un moulin à vent où habitait Denis Ollivier, un tisserand, au XIXe.

 Kertanguy

Historique de propriétété. 

Dépendait d'un manoir aujourd'hui disparu. Le moulin est du XVIIe, formé de deux corps de logis en équerre. Après Jean de Kerhoant, attesté en 1545, les Keroignant, Kergorlay, Salaün de Kertanguy s'y sont succédé comme propriétaires.

 Liste des meuniers

Meunier, Jean Monfort y meurt en 1812, 
Jean-Marie Monfort, 43 ans, y est cultivateur en 1843. 
Garçon meunier, Jean Auffret y est mort en 1883.
Jean-Marie Choquer, époux de Marie-Françoise Monfort est meunier en 1906 mais aussi cultivateur. Il est décédé en 1941.

C'Hoënner

Historique de propriété

 C'Houannec, C'Houenner. Le C'Hoenner était propriété des Rodellec du Porzic au XIXe. Description de l'Inventaire "Moulin et logement XVIIIe siècle ; boulangerie et remise XIXe siècle."

– Yves Le Bihan meunier vers 1675. 
– Bernard Moal, époux d'Anne Paugam, y meurt en 1783. 
– Jean Monfort, né au moulin de Kerbalanc, Plouénan, meunier en 1798. Son fils Tanguy ira tenir le moulin de Keroignant, le fils François restera au C'Hoeënner où Marie Le Roux met au monde plusieurs enfants de 1802 à 1809, année où Jean-Louis-Marie Le Roux, meunier, décède à 45 ans au C'Hoënner. François Monfort y est mort en 1816. Veuve Le Roux, Marie Hervet, meunière, disparaît à sont tour en 1829.
– A la fin du siècle, Les Crenn tiennent le moulin. Yves Crenn est décédé en 1931. 
– On note la présence de Jean-Marie Quiviger au moulin en 1902, année où il se distingue dans un concours de charrue.  

Cosquerou

Historique de propriété

« Le moulin seigneurial, s'extasiait Louis Le Guennec, forme un délicieux paysage avec sa vieille chaussée et son étang où se reflètent les verdures de la rive. » Le manoir, dont il reste quelques bâtiments, est le berceau de la famille du Cosquerou. Puis il ira aux Kersinguilly, Goesbriant, Kermenguy. Le moulin fut propriété des Huon de Kermadec au XIXe.

En 1887, Christophe Simon, meunier à Mespaul, subit le conseil de révision. François Simon a vécu au moulin de Cosquérou jusqu'en 1906, date de son départ au Canada. Ses descendants sont revenus sur place en 2017. Il ne restait que des ruines.

 Quidan

Situé sur un affluent qui prend rejoint l'Horn au nord de la commune.

Pierre Diverrès et Renée Soubigou (1713).  Diverrès est mort en 1737 au Moulin-Neuf de Kergoulouarn, Plouvorn.

Vieux-Moulin

Sur un affluent de l'Horn en limite avec Plougoulm. Figure sur le cadastre de 1808.

Moulin-Neuf

Jean Moalic, Françoise Castel (1701).
Jean Jézéquel et Françoise Quéré (1761).

vendredi 27 octobre 2023

3) Les moulins de Plouvourvest

Cette paroisse s'appelait jadis Gicourvest et englobait Landivisiau. En 1847, Gilles Deric, dans son Histoire ecclésiastique de Bretagne, donne une définition fantaisiste du nom : " Guicourvet a emprunté son nom de sa position. Gui, rivière; cour, habitation ; vet, auprès : habitation auprès d'une rivière." Louis Ogès corrigera cette interprétation. Guic en breton, signifie bourg et dérive du latin Vicus tandis que Plou désigne l'intégralité territoriale de la paroisse. Ainsi, nombre d'entre elles ont usé des deux : Guiclan, Ploulan, Guicourvest, Plougourvest.
Ogée y a compté sur la commune quatre moulins sans les nommer. Ce qui correspond à la réalité du moment : un cinquième avait alors disparu.
 La partie nord-est du territoire est drainée par un affulent de l'Horn qui s'en va vers la chapelle de Lambader et alimente le plan d'eau de Lanorgant, à Plouvorn. Cet affluent sert pour partie de limite entre Plougourvest et Plouvorn. 
A l'ouest, le Stang, affluent du Guillec, sert de limite communale avec Plougar. On y trouve le grand moulin de l'Etang, dit encore de l'Estang ou du Stang. Un hameau isolé est appelé Traon-ar-Vilin, la vallée du moulin.
Le Kerfeunteniou est petit affluent de l'Elorn qui arrose le sud du territoire, près de la limite avec Bodilis. Un moulin de Kervoinec, dit encore Kervoanec, est attesté de 2 janvier 1777 au 30 juin 1791. Dépendait d'un manoir du même nom, propriété de Juloded, Claudine Grall et Jean Le Roux, mariés en 1679
Enfin Marteville et Varin, continuateurs d'Ogée, affirment en 1853 que Le Leg, dit encore Léguer, prend sa source à Plougourvest. Or, à notre connaissance, il n'existe une rivière de ce nom que dans les Côtes-d'Armor.

A la Révolution, le cahier de doléances rédigé à Plougourvest demande comme ailleurs la possibilité d'acquérir les droits de suite de moulin.


Sur la carte de Cassini apparaît le moulin de l'Etang, situé sur le Stang, affluent du Guillec. A l'est de Guicouverst se voient les moulins de Rochlass et du Megsouin.

 Roc'h-Glas
 

 Historique de propriété

Roc'h-Glas-ar-Vilin. Situé en aval sur le même affluent de l'Horn que le moulin du Rusquec. Dépendant d'un manoir propriété d'Hervé Geffroy en 1432, de François Geffroy, sieur de la Villeneuve, bailli de Lesneven, décédé en 1613. Cette famille blasonne "d'or au pin de sinople, un cygne d'argent au pied". Elle est toujours présente en 1750 avec Messire Yves Louis Geffroy, époux de Marie Jacquette Le Borgne. 
En 1830, le moulin a pour contribuable la veuve de René Bihan et propriétaire foncier Mme Duplessis, en Saint-Frégant. Son revenu foncier est estimé à 52 F. 
En 1841, Allain Jean Guiader, maire de Plougourvest, est propriétaire du manoir de Roc'h-Glas. Il est l'époux de Marie-Françoise Maguet et emploie plusieurs domestiques. A cette époque, la commune compte de nombreux mendiants. 
En 1898, sous le pseudonyme de Marie de Harcoët, la Brestoise Marie Dubois écrivit Le manoir de Roch' Glass. Il reste de cette maison un corps de logis servant de remise.

 La liste des meuniers

 – François Jézéquel est meunier en 1836. A 35 ans, époux de Anne Abgrall, il emploie Jean-Marie Abgrall, 22 ans, comme garçon meunier. Les Abgrall pratiquent aussi l'agriculture en ce lieu. On retrouve les mêmes en 1841.
– Jean Bléas et Marie-Madeleine Le Bihan en 1869, 1873.

 

Moulin-Neuf
 

 Historique de propriété

Dit aussi Moulin-Neuve, Kerscao-Milin-Nevez. Moulin Neuf à de nombreux homonymes dont deux à Plouvorn. Situé en aval de Roc'h-Glas. Le Moulin-Neuf est distant de 300 à 500 m des villages les plus rapprochés, dont celui de Kerscao à qui il emprunte parfois le nom. Cote du bureau de contôle : 20 C 15/6 55 (Table des baux à ferme, 5 décembre 1782 au 30 juin 1791). Appartient en 1830 aux frères Auguste et Armand Bersolles, négociants à Brest.

La liste des meuniers 

 – François Le Roy et Jeanne Tanguy attestés en 1696, 1701.
Julien Duparc, époux d'Anne Le Bégot, y meurt en 1730.
Alain Riou y décède en 1800 avec la qualité de cultivateur.
Pierre Chevalier, 60 ans et Rolland Breton, 27 ans, meuniers en 1814.
 – Paul Ollivier en 1836, 41 ans, époux de Françoise Diverrès. Ils sont aidés de leurs enfants  : Hervé, Marie et Françoise Ollier en 1841 avec Françoise Rosec pour domestique.
– Alain Jézégou y est signalé en 1846 comme cultivateur.
– Marguerite Bléas y décède en 1880. Elle était épouse en secondes noces d'Hervé Ollivier, meunier, originaire de Lanneuffret.

 Fin d'activité

Il appartenait à Louis Siohan quand il fut détruit par un incendie dans la nuit du 26 au 27 juillet 1933. C'est le garçon meunier qui donna l'alerte. On pense à un échauffement des poulies et courroies de transmission, comme au moulin de Keryarguez, distant de 5 km, à Bodilis, en janvier de la même année. Le Moulin-Neuf était composé de quatre bâtiments. Le principal, la minoterie, ne comportait qu'un seul étage et un sous-sol. Près de là, l'habitation neuve fut épargnée. Louis Siohan alla se faire minotier au Dourduff, à Plougoulm. En 1934, avec son camion, il percuta un soldat en permission, Jean-Marie Guillerm. La mort fut instantanée.

 Mescouin



 Dit aussi Mesgouïn, Mergouin-ar-Vilin. Situé en aval de Moulin-Neuf, distant du hameau éponyme en direction de la chapelle de Lambader. Appartient en 1830 à Achille Hantraye, avocat à Morlaix.

La liste des meuniers

– Hervé Fers, meunier, 64 ans et sa femme Jeanne Marc, 57 ans, en 1836. Ils ont épaulés par leur fils Jean en 1841. Nombreuse, la famille a aussi une vocation agricole et emploie trois domestiques.

                                                 

 

 

 Moulin de Savin

Moulin n'apparaissant plus dans la toponymie locale depuis des lustres ni dans les tablettes du bureau de contrôle. Un moulin de ce nom est aussi mentionné à Plouzévédé et fut tenu par les ancêtres du chanteur Gérard Jaffrès.

La liste des meuniers

- Maurice Coz s'est établi ici vers 1717 avec sa femme, Marie Quéran. Auparavant, ils avaient tenu le moulin du Castel, à Plounévez-Lochrist. Les Coz avaient déjà quatre enfants quand ils prirent possession du moulin. A Savin, ils en naîtra cinq. En 1729, la mère décéda quelques mois après avoir accouché de son neuvième enfant. Elle est dite "du Scavin", âgée d'environ 45 ans et munie des sacrements reçus "pendant sa maladie par le ministère de Messire Christophe Riou." Marie avait eu de riches parrains : écuyer Maurice Floch, Seigneur de Mescly  et Marie Catherine de Kerscau, dame de Saint-Gily. Elle fut enterrée dans l'église en présence de Julien Duparc, du moulin Neuf et qui n'a plus qu'un an à vivre, Pierre Bégot, Guy Mingam et plusieurs autres qui ne savaient signer.
Veuf, Maurice "Cosse" mourut à son tour "après avoir reçu tous les sacrements au moulin Savin le seize mars" 1742. On l'inhuma le lendemain dans l'église.
Les Coz sont une famille de meuniers. Jeanne Coz, née au moulin de Savin, épousera Pierre Riouallon en 1742, du moulin de Troérin, en Plouvorn. Anne Coz, pour sa part convolera avec Yves Le Saout, en 1750, du moulin de Kermorvan en Plounévez-Lochrist.


TROCPARC

Nom difficilement déchiffrable. Cote : 20 C 15/5, fol. 6 (Table des baux à ferme, 2 janvier 1777 au 22 août 1784).



dimanche 15 octobre 2023

2) MOULINS DE PLOUVORN

"Des vallons, des ruisseaux, des prairies, des terres bien cultivées et abondantes en grains, lin et fruits pour le cidre, voilà ce que ce territoire présente à la vue", nous dit Jean Ogée en 1845. Il remarque alors à Plouvorn sept étangs et canaux et 15 moulins à eau. Nous en avons retrouvé 18 dont douze sur l'Horn et ses affluents. A-t-on pu en compter d'autres en des temps plus anciens. Possible. Au village de Kerillo, par exemple, se rencontre une lande nommé Goarem Coz-Milin. Nous sommes là à proximité de Troërin où existent aussi plusieurs parcelles nommées Al Lenn-Coz.

Quinze ans plus tôt, en 1830, eut lieu l'évaluation des revenus de toutes les propriétés apparaissant sur le cadastre qui venait d'être établi. l'assemblée municipale, dans ses délibérations, réserva un point particulier aux moulins. Ils étaient déjà arrêtés au nombre de 15, ce qui ne refletait pas la situation exacte de l'époque car ils étaient, nous l'avons dit, 18. Jean-Marie Le Bras, l'expert, signa le procès-verbal le 30 mai 1830 en compagnie du contrôleur des contributions directes, le sieur Gaultier,  du maire, G. Le Roux et de son adjoint, Jean Couloigne, d'un notable et l'on ne sait à quel titre : Boscals de Reals, propriétaire du manoir et moulin de Troërin. Enfin de 18 signatures, toutes ou presque de meuniers Ainsi relevons-nous les paraphes de Hervé Le Goff, Jean Paugam, H: Kerboas, Hervé Tanguy, Ollivier Rohel, Pluchon, d'une famille de farineux mais aussi de propriétaires résidant au bourg, François Crenn, V: Goarant, Jean Urien, Joseph Roguès, Yves Lérec, J: Méar, Yves Le Guen, Olivier Mingan, Laurent Spagnol, Y: Milin, F. Argouarch et Jean M. Allain. Nous allons bientôt les retrouver.

Née à Guiclan, l'Horn traverse Plouvorn du sud au nord en dessinant un axe central. A l'est se remarquent deux autres cours d'eau : le Cosquerou avec les moulins de Traon-Meur et Milin-an-Toul. Plus à l'est encore coule le Guern avec quatre usines : Coatgren, dit encore Coat-Crenn, Milin-Archan, Moulin-Guernemiry et Moulin-Neuf de la Forest ou moulin de la Forêt. 

Le Cosquerou et le Guern ont leur source à Guiclan et se rejoignent un peu plus au nord de Plouvorn pour former le Béon. L'ensemble de la commune est par ailleurs constellé de nombreux douets à rouir le lin. 

 Le bureau de contrôle conserve les baux de six moulins de Plouvorn. Ils ont pour noms Mespaul, attesté de 1777 à 1784, Keruzoret, Kerelsquivan, Cosquevorn, dit encore Cosquer-Vorn. Kerdouhic et Kerduher, tous attestés de 1782 à 1791.

Mais revenons spécifiquement sur l'Horn et ses douze moulins dont les meuniers font florès en 1836 quand a lieu le premier comptage de la population. Un siècle plus tard, à la campagne, nos agents recenseurs ne rencontreront plus que des cultivateurs, des journaliers ou encore des artisans. En 1946, plus aucun meunier n'est recensé sur la commune. Il en restait pourtant...

MOULIN NEUF

 

 Historique de propriété

Moulin-Neuf se rencontre aussi sous la forme de Milin-Nevez, Moulin-Neuf Kersauzon. Il est situé à la limite de Guiclan. Deux moulins portent le nom de Moulin-Neuf dans la paroisse. L'un sur l'Horn, l'autre sur le Guern.
Le Moulin-Neuf de l'Horn n'est attaché à aucun manoir local. Près de la porte donnant sur la route se voient les armoiries des Vieux-Pont, sieurs de Coatmeur, de Daoudour et de Landivisiau, paroisse de Plougourvest qui blasonnaient d'argent à dix annelets de gueules. C'est une famille originaire de Normandie qui donna un vice-amiral de Bretagne en 1593, Alexandre, époux de Renée de Tournemine, dame de Coëtmeur. Celle-ci était veuve de Jean de L’Isle-Adam, mort le 2 août 1589 d’un coup de lance à travers la visière de son casque lors d’un duel contre le seigneur de Marolles au siège de Paris. Il était capitaine des Gardes du Corps du roi Henri III.
Renée de Tournemine donna deux filles à Alexandre de Vieux-Pont. Les armoiries sont donc celles d'Alexandre ce qui daterait le moulin des années 1600. Mais sont-elles bien d'origine ? Le moulin a son puits et sa fontaine. 

La liste des meuniers

– Olivier Le Vezo y est attesté vers 1670.
– Christophe Bellec, 1680.
– Guyon Cornily en 1713.
– Yves Coativy en 1715.
– Maurice Le Saos en 1738,.
– Jeanne Cornily, fille de Guillaume et Anne Bourhis, y voit le jour en 1742
– Jean Argouarch, époux Cornily, en 1750
– Jacques Bourhis et Jean Jézéquel en 1760.
– Guillaume Jacq, époux Jeanne Cornily, en 1767.
– François Léon en 1802.
– Maurice Prigent en 1817
– Louis Allain en 1822.
– Olivier Kerboas en 1836. Il est l'époux de Marie Allain. Leur enfants, Hervé et Anne, sont meuniers. Les six autres attendent leur heure. Ils ont Paul Jacq pour Domestique. Qui n'apparaît plus en 1841. Dans le voisinage est Jean Couloigner, adjoint au maire.
– Hervé Sioc'han en 1870
 – En 1881, les Marc, originaires de Kerlaoudet, à Guiclan, seront les derniers meuniers du Moulin-Neuf avec tout d'abord Jean-Marie et son épouse Marie-Françoise Argouarc'h. Ils ont quatre enfants. Le garçon meunier est Guillaume Nédélec, 37 ans. On compte aussi Anne Bozec, 17 ans, domestique. En 1891 et 1901 les Marc sont toujours à poste.

Fin d'activité
 
En 1933, une nouvelle roue est installée pour actionner quatre meules. Des godets amènent la farine au grenier où elle est tamisée, emballée puis livrée par charrette 
Aux recensements de 1946, les familles Trévien et Marc, de Moulin-Neuf, ont le statut de cultivateurs. Le moulin a pourtant tourné jusqu'en 1965 et son dernier meunier fut Paul Marc, dit Tonton Paul. A 86 ans, le doyen des meuniers du Léon confia ses souvenirs à la presse locale. Dans le quartier, jusqu'en 1928, chacun pétrissait jadis sa pâte et venait la faire cuire au four à bois. On en retirait des miches de 5 kg. Après la retraite de Paul Marc, le mécanisme du moulin fut entretenu par son nouveau propriétaire. En 2014, André Diverrez reçut les résidents de la maison de retraite Saint-Roch en retraçant l'histoire de ce moulin qu'il date du XVIe siècle.


mercredi 11 octobre 2023

1) MOULINS DE GUICLAN

C'est à Guiclan que l'Horn prend sa source. Au sud-ouest, venu de Saint-Sauveur, coule le Quillivaron. A l'est, deux ruisseaux, le Cosquérou et le Guern filent vers Plouvorn et s'unissent pour former l'Eon. Plus a l'est encore est la Penzé qui marque la limite de Guiclan avec Saint-Thégonnec et Taulé.

Les moulins

Un dépouillement non exhaustif des preuves de droits d'eau a été opéré par les Archives départementales du Finistère. Non seulement incomplet, ce résultat présente des noms de moulin illisibles. Mais selon les données recueillies, le bureau du contrôle des actes implanté à Landivisiau recense peu avant la Révolution huit moulins sur Guiclan.
En 1843. en complétant le Dictionnaire géographique d'Ogée, Marteville et Varin en totalisent douze. Nous en avons trouvé pour notre part quatorze.

Quelques meuniers

1) Sur le Quillivaron

Le Ponthou : moulin attesté par le bureau de contrôle (ADF 20 C 15/6 fol. 25. Table des baux à ferme, 5 décembre 1782 au 30 juin 1791).
Lézarazien : Hervé Joncour (1671) ; François Riouallen (1713) ; François Cren, (1749) ; Guillaume Guéguen (1752) ; François Tourmel (1774) ; Marie Fichou son épouse (1782) ; Yves Corre (1804, 1835) ; Jean Marie Siohen (1906-1998).

2) Sur l'Horn

Kersauzon, qui suit

3) Sur le Cosquérou

– Il rend sa source à Guiclan. Aucune usine avant Plouvorn.

4) Sur le Guern

Le Guern : Claude Ménez (1857) ; François-Marie Ménez, son fils, épousa la fille du meunier de Kersauzon où il alla s'établir. Dont Joseph-Marie Ménez qui sera meunier de Kerdéland et où il décèdera en 1931.
Kerdéland  : Yves Penguilly (†1851) ; Yves Floc'h (†1862) ; Catherine Person, veuve Penguilly (†1869), Joseph-Marie Ménez (†1931).

5) Sur la Penzé

Kerougay : Allain Crenn (†1755) ; Jeanne Kerboas, sa veuve (†1788), épouse en seconde noce de Thomas Joncour (†1794), meunier à Kerougay ; François Floch (1791) ; Yves Floc'h, son fils, partira tenir le moulin de de Kerdéland ; Pierre Riouallon (†1837) ; Anne Madec, son épouse, native du moulin de Kerfeunteuniou (†1847) ;
Kerlaviou : François Joncour (†1659) ; Gilles Jacq (1684) ; Guillaume Tosser (†1766) ; Claude Cardinal, natif du moulin de Traonglézon, Plouénan (1767) ; Marguerite Corre (†1780), veuve Goarnisson, elle venait de Moudennou ; René Spagnol (1811) ; 
 
NOBLE... ET MEUNIÈRE !
 
L'épouse de François Joncour constitue une énigme se nomme Adelice  Kergroades et porte parfois la particule dans les actes. Ses descendants la supposent fille, hors mariage, du marquis François de Kergroades, baron de Kerlec'h, chevalier de l'ordre du Roi. Ils la pensent née avant que Kergroadez épouse Claude de Kerhoant puis Renée du Louet. 
Que Adelice porte le nom de Kergroadez suppose qu'elle ait été un tant soit peu reconnue. Sans son acte de naissance, toutes les hyptothèses restent ouvertes. A cette époque, des cadettes de familles nobles épousaient volontiers de riches roturiers, notamment à Cléder, Plouescat. Issue d'une banche de la famille, Adelice peut être dans ce cas.
Adelice accoucha de la plupart de ses enfants à Morlaix. Après le décès de Joncour, elle se remarie avec Yves Pichon, famille de meuniers et leur fille sera meunière. Lorsque mourra son petit-fils, Guillaume Joncour, meunier lui aussi, on découvrira dans son armoire une fortune en espèces mais aussi en pièces anciennes, une épée, une tasse d'argen. Curieux...
Moulin-Neuf : Yves Madec (1665) ; François Penguilly et Catherine Abgrall (1677) ; Jean Laurens et Marie Ménéchy (1716) ; Olivier Guillerm (†1821) ; Hervé Le Gall et Marguerite Fichot (1855) ;
Penhoadic : Yves Milbéo, venu du moulin de Trévilis puis Moulin-Neuf (1808).
Kernabat : Hervé Corre, époux de Anne Joncour (1774) ; Jean Paugam, époux de Marie Yvonne Quéguiner (1842) ; François-Marie Kerscaven, natif du moulin de Croas-Crenn, Plouvorn, époux de Marie-Louise Siohan, native du moulin de Kerany, Saint-Vougay (1876) ; Alain Jacques Marie Guillou, natif du moulin Fling, Lampaul-Guimiliau, époux de Marie Perrine Guillemette Kerscaven, fille de Claude, meunier aussi à Kernabat (1900).
Trévilis : Yves Milbéo (1798). 1903 : le meunier de 28 ans est mordu par un chien qui terrorise la commune durant deux jours. Il s'agit de René Le Pape qui se marie cette année-là. En 1936, le moulin avec fond de commerce de boulangerie et de minoterie fut mis en vente. Il comprenait une maison neuve, une maison de moulin, une maison de four, divers bâtiments agricoles. La production était de 30 quintaux de farine par jour. Alain Saout était locataire.
Kergoat : François Haléguen, époux de Marie Trévian (1696) ; Jean Caradec et Françoise Haléguen (1718) ; Jacques Baron et Françoise Haléguen (1721) ; Louis Fichou et Anne Spagnol (1745) ; Hervé Corre et Marguerite Fichou (1748) ; Alain Corre et Jeanne Abgrall (1776), leur fille épousera le meunier Yves Milbéo.
Ar Roudour :   attesté par le bureau de contrôle de Landivisiau (20 C 15/5, fol. 36 – Table des baux à ferme, 2 janvier 1777 au 22 août 1784).
Moudennou : Claude Goarnisson (†1766). Sa veuve alla en suite au moulin de Kerlaviou, son fils a tenu Kersauson. François-Marie Tourmen y est né en 1811, il sera charpentier de moulin. Joseph Kerhoant (1841), meunier, il sera aussi sous brigadier des douanes. Louis Queinnec (1884) ;

Intéressons-nous au seul moulin de l'Horn.
 
Kersauzon
 
Sur la carte de Cassini, en 1780, un moulin apparaît au-dessus du lieu-dit Lostalen. Nous sommes tout au sud de l'Horn dont la source naît dans les marais avoisinants. Le moulin se situe près de la route allant du bourg à Landivisiau.


Lostalen signifie le bout de l'étang. C'est aussi un patronyme. Deux fermes portent ici ce nom : Lostalen-Braz et Lostalen-Bihan. Un peu plus au nord de ces lieux-dits, à Kersauzon, s'étend effectivement un étang. Le cadastre de 1827 nous le montre avec son moulin et une métairie dépendant du manoir. 


 


Les Kersauzon étaient seigneurs de la paroisse de Ploëlan, autre nom de Guiclan. Armes : De gueules au fermoir d'argent. Devise bretonne : Pred eo ; Pred a vo Kersaoson, Prêt, toujours prêt Kersauzon ! Ce que d'autres traduisent par Il est temps, il sera temps. Mais bon, Amzer zo... 

Étymologiquement, Kersauzon signifie la maison des Anglais. Une tradition veut que cette famille soit venue d'Outre-Manche. Mais entre les vagues migratoires venues d'Outre-Manche et la fixation définitive des patronymes, il y a loin de la coupe aux lèvres. 

Le manoir de Kersauzon se situait à 4 km du bourg, à l'ouest de la paroisse. Si situait car si le hameau demeure, la maison manale a été rasée. La généalogie de la maison remonte à Pierre de Kersauzon, chevalier, présent aux États de Bretagne, à Nantes, en 1057. On ne sait avec qui il fit alliance. Mais ses descendants jurent que la seigneurie de Kersauzon existait bien avant lui à Ploëlan. De là partit un croisé, Robert, en 1248. 
 
Dès 1260, le manoir de Kersauzon est le chef-lieu d'un fief de haute, moyenne et basse justice ressortissant à Landivisiau. Mais, très vite, le siège de la juridiction se déplaça à Kersaint-Guily. On y jugeait des affaires de successions, de limites de propriétés mais aussi d'enfreintes aux obligations de moudre son grain au moulin de son seigneur. Les justiciables étaient les paroissiens de Guiclan mais aussi de Plouvorn. En 1716, ils pouvaient faire appel auprès de la cour de Daoudour-Coetmeur, à Landivisiau qui statuait pour cinq seigneuries.
 
 En 1327 mourut Guillaume de Kersauzon, évêque de Léon. Il fit reconstruire une partie de la cathédrale de Saint-Pol où il serait enterré, selon Pol de Courcy. Mais pour Messieurs de Sainte-Marthe, il fut inhumé "dans son église en la chapelle de Kersauson". Cette fameuse chapelle dont nous allons bientôt reparler.

 Un dicton voulait que les ramages de cette maison soient innombrables :

Frappez un buisson
Il en sortira un Kersauzon

Cependant, le nom de la branche maîtresse a bien failli s'éteindre vers 1380 avec la dernière héritière de la maison, Suzette, épouse de Salomon Le Ny, chambellan du duc de Bretagne. Mais selon leur volonté, leur fils Hervé transmit le nom et les armes des Kersauson à ses descendants issus de son mariage en 1420 avec Amice de Pontplaincoët.

Par contrat du 19 mai 1590, dans un partage qui leur attribue le "lieu noble de Kernabat et plusieurs autres", Loys et Jean de Kersauzon furent tenus envers François de Kersauzon, leur demi-frère aîné, de "lui payer chacun an, en son lieu et manoir de Kersauson, le jour de l'Epiphanye à touiours, une paire d'éperons dorés." Ce partage intervint, précise le contrat, après la mort de Tanguy de Kersauzon, "leur père commun". Les deux juveigneurs sont alors sous sous la tutelle de Claude Le Ny, seconde épouse de leur défunt père "de bonne mémoire".

pourtant, Le Guennec écrit : "De grandes foires, concédées en 1595 par Henry IV à Tanguy, seigneur de Kersauzon et de Kersaintgily, se tenaient jadis sur le placître..."  Tanguy était mort depuis au moins cinq ans. Historien de la commune, Yves Miossec soutient cependant que Tanguy de Kersauzon n'est décédé qu'après que Henry IV lui ait accordé ses privilèges par lettres patentes. Cette foire existait en tout cas depuis des temps immémoriaux. Une partie des droits allaient au recteur de Guiclan. Ils furent donc accordés à la famille de Kersauzon en 1595.

  Dans les années 1660, le sénéchal de la juridiction de Kersauzon était Olivier de L'Orme, dit encore Julien Ollivier. Il épousa Jeanne Le Menez, demoiselle de Val-Fontaine, du manoir de Coatmeal en Lanhouarneau. Il habite d'abord dans la maison des Kersauson, à Landivisiau avant d'établir sa résidence au manoir même de la familleà Guiclan. Là, son épouse est morte le 30 juin 1661. On ne voit pas d'enfant mort-né accompagner ce décès. Elle est inhumée dans le tombeau de la famille Kersauson,  du côté de l'évangile du grand autel.
Peu après, le 9 août, Paul, un serviteur des Kersauzon mourut "d'une blessure qu'il reçut dans une querelle à la foire de Kersaint-Guilly". On l'ensevelit dans la chapelle de Kersauzon.
Veuf, le sénéchal de L'Orme se remaria très vite à Anne de Treourez Eflam. Celle-ci subit le même sort que sa devancière le 13 août 1663. Elle est ensevelie dans la chapelle de Kersauzon mais dans une tombe relevant de la maison et non point dans ce qui semble être une fosse commune. Car dans l'église de Guiclan, la chapelle de Kersauzon est, comme les autres, très accueillante. En feuilletant les vieux registres, on trouvera foule d'inhumations "dans la chapelle de Kersaoson en cette église". C'est le cas de Jean Cosmao, mort le 26 avril 1664 au manoir de Kersauzon. Mais aussi de roturiers décédés dans des villages voisins. On enterre partout dans l'église de Guiclan : dans les chapelles, la nef, le chœur, sous le marchepied de l'autel Saint-Jean, près du font baptismal, sous la chaise du prédicateur...
A la même époque, Catherine Charles, du moulin de Kerauzon, mourut le 27e jour de may 1663 et fut inhumée quant à elle dans la chapelle de Kergoat.
 
 Lorsque Prigent de Kersauzon décède en 1674, ses enfants sont placés sous tutelle de leur mère et sous curatelle du chevalier François de Kerguiziau, seigneur de Kerscao. Qui déclare, en 1678, les héritages des trois enfants Kersauzon. A savoir, en la paroisse de Guiclan, le lieu noble, manoir de Kersauson, avec sa chapelle et dépendances, moulin et vestiges de colombier, le lieu noble de Penancoat ou Lostallen, Le lieu noble et manoir, dit vulgairement de Kersaint-Gilly, etc 
 
Siège d'une foire très courue, Kersaint-Gilly vu par Louis Le Guennec. Au centre, la croix de 1580.
 
En 1695, le marquis Jacques-Gilles de Kersauson se décida à faire restaurer sa chapelle. Peintre de Saint-Pol, Michel Grall dessina le blason et les plans des vitraux. Les membres du conseil de fabrique demandèrent au marquis de leur fournir le bois nécessaire à la charpente. Bois que notre noble homme se permit de leur facturer.

Meuniers et possédants

En 1701, Jean Le Vezo et Françoise Kergoat sont meuniers à Kersauzon. Jean était auparavant au Moulin-Neuf, à cheval sur Guiclan et Plouvorn. 
 En 1716, Sébastien Fer est meunier à Kersauzon, il est l'époux de Jeanne Moallic. 
Conseiller au Parlement de Bretagne, le marquis Jacques-Gilles de Kersauzon, par son mariage avec Bonnaventure-Julienne de Brézal, établit sa résidence au château de son épouse en 1710. 
Mais la famille ne perdit rien de son influence sur la paroisse. Notamment sur la plan judiciaire. Le 1er août 1733, maître Louis Bolloré, notaire de la jurdiction de Kersauson grimpa dans le clocher de Guiclan pour en examiner la cloche avant sa descente. Il était écuyer et seigneur de Kerbalanec. Messire Pierre-Olivier-Basille de Tronjoly était quant à lui sénéchal de Kersauzon et de Botmeur en 1736.
 
Outre le manoir à son nom, la famille de Kersauzon possédait en 1744 ses métairies, le moulin, et le Moulin-Neuf en Plouvorn, les terres de Lostalenn, de Kervézennec, de Kerlaoudet, du Combot, du Rest, les fermes de Penanprat et de Kersaint-Gily. Ce qui représentait un revenu total de 4 886 livres.  
Jean Abgrall et Anne Pichon étaient alors les meuniers et l'épouse est décédée là en 1745. 
Il est dit que le nouveau marquis de Kersauzon se désintéressait alors de la paroisse. Jean-Jacques de Kersauzon, époux de Saizy de Kerampuil, recevra à Brézal le futur Charles X ou encore le futur duc d'Orléans.
En 1759, le manoir de Kersauzon est habité par Yves Francquet, Sr de Creac'hanton.  
En 1760, le sénéchal de la juridiction, siégeant à Kersaint-Guily, est le sieur Kerlosquet. Le poste est vacant en 1765 et assuré par Louis Claude René du Couëdic.

La famille Guillerm

En 1765 naît une petite Jeanne au moulin de Kersauzon. Ses parents sont Jean Madec et Anne Guillerm. Ils resteront là une dizaine d'années, donnant naissance à d'autres enfants avant de s'établir un peu plus loin, à Kersaint-Guily. Madec est d'une famille de meuniers originaire de Carantec. La petite fille qui vient de naître finira sa vie comme mendiante. Les Guillerm tiennent alors le moulin. Veuf de Jeanne Cueff, natif de Plouvorn, Guillaume Guillerm est le patriarche. Il meurt à 65 ans à Kersauzon le 31 décembre 1768

De loin les propriétaires historiques sont toujours en filigrane. Mais voici un tournant important. A la mort du marquis de Kersauson, en 1788, sa fille aînée fit entrer la seigneurie de ce nom dans l'escarcelle du comte Hyacinthe de Tinténiac. De son vivant, le marquis avait bien tenté d'amener Tinténiac à perpétuer le nom des Kersauzon. Mais son gendre sut flatter son orgueil en lui tressant ces louanges :

 N'est noble que de nom 
Qui ne porte au ceinturon 
La boucle de Kersauzon.

Et le marquis ainsi payé de mots ne réclama plus aucun dû. Mais son nom se perpétua dans la toponymie locale et à l'église paroissiale où les armes des Kersauzon étaient sculptées dans le banc d'honneur. La famille avait aussi ses tombes, sa chapelle...

Le dernier sénéchal de la justice seigneuriale fut le sieur Coroller. Lors de la rédaction des cahiers de doléances, le dimanche 29 mars 1789, les Guiclanais furent d'avis de permettre aux vassaux d'acquérir les droits de suite de moulin à un prix fixé par les Etats généraux.

La famille Breton

La famille Breton est attestée au moulin Kersauzon de 1791 à 1858. Tout commence par un double mariage. Le 28 février, Messire Jézéquel, curé de Guiclan, a devant lui deux frères. Et ils ont le même prénom : Yves. Ils sont fils de Claude Breton et de feue Louise Bian et nous viennent de Plouvorn. Deux sœurs sont à leurs côtés : Barbe et Jeanne, filles de Pierre Guillerm et de Marie Rolland, de Guiclan. Nos deux garçons sont fils de meunier. Leur père vient de perdre sa femme et vit au moulin de Kervennec, à Plouvorn.
Un an plus tard, le 10 mars 1792, Yves et Barbe accueillent leur premier enfant au moulin de Kersauzon. On le prénomme Yves et c'est son oncle Yves qui fait office de parrain en signant d'une écriture assurée, ce que ne peut faire la marraine, Marie Rolland. Quelque mois plus tard, le père de nos deux Yves se remaria avec une veuve, Marguerite Maurice, qui, hélas, ne vivra guère. Alors, le vieux farineux de Kervennec convolera une troisième fois.
 
1792, c'est aussi l'année où Xavérine de Kersauzon et le marquis de Tintégniac, propriétaires du manoir et dépendances émigrent. En 1807, à Rouen, leur fille Jeanne de Tinténiac épousa Joseph Le Bihan de Pennelé avec qui elle eut quatre enfants. Ainsi l'ancienne seigneurie de Kersauson fut elle propriété de cette famille localisée à Saint-Martin-des-Champs. (Source : Joseph-Marie de Kersauson de Pennendreff, 1884).
 
En 1827, les héritiers de Pennelé ont en effet pied dans le quartier de Kersauson mais le manoir, la métairie appartiennent à de Serre de Saint-Roman, de Paris.
Militaire, fils de guillotiné, homme politique hostile à Louis-Philippe, il est marié en seconde note à Marie-Jeanne-Françoise de Tinteniac
 
Alexis Jacques de Serres.
 
En revanche, le moulin appartient à Jean-Baptiste Prigent de Kerallain, médecin à Quimper. Natif de Lannion, Kerallain est marié avec Renée Jeanne Renouard de Boisboulay. Le moulin est entouré d'une lande appelée Coat-al-Lenn, une terre labourable et un taillis appelés Parc-Huella, divers pièces de terre nommés Parc-Lenn et Parc-Creis, Parc-ar-Milin et Ar-Jardin,
François Fer possède une cabane à Kersauzon (420), de La Monneraie, de Morlaix y tient le taillis Coat-ar-Feunteun (421).



Au recensement de 1838, le moulin est ainsi peuplé : Yves Breton, 70 ans et Barbe Guilherm, 72, Yves Breton fils, 44 ans et Marie-Jeanne Pencreac'h, 48. Tous quatre sont qualifiés de meuniers. On recense encore Anne, Marie et Barbe Breton, âgés de 7 à 14 ans, Hervé Breton, cultivateur de 28 ans et Louis Caroff, domestique de 41 ans.
 
Le 4 juillet 1842, Yves Breton père rendit l'âme. Il avait 78 ans et était veuf. Son fils déclara le décès en mairie en se disant cultivateur et meunier. En revanche, on note avec étonnement que son père est dit fils d'autre Yves Breton et Anne Postec. Or ses vrais parents se nommaient Claude Breton et Louise Bian. 

Yves Breton fils continua d'exploiter le moulin de Kersauzon. Sa fille Marie épousa François Menez en 1847. Il était né au moulin voisin du Guer. L'association entre Yves et son gendre dura alors près de 20 ans. Breton mourut en 1866, laissant le moulin en de bonnes mains.

Les Menez, derniers meuniers

En 1866, la famille Menez compte six enfants, un fournier en la personne de Thomas Bourlès, deux domestiques, Jérôme Charles et François Madec, une servante, Marie Nicolas. Nos meuniers sont alors entourés de huit sabotiers qui tirent leurs revenus des bois environnants
 
Et la roue tourna. L'aîné des Ménez, Joseph Marie, épousa la fille du meunier de Kerdéland où il alla s'établir. Il était surnommé
Chob ar Vilin ou encore Chob ar Porteser. Il est décédé au manoir de Kerdéland en 1931. Son petit-fils fit l'objet d'une curiosité qui attira à Guiclan la presse nationale. Le 12 février 1952, elle fut des six mariées qui furent unies au même moment à la mairie puis l'église de Guiclan.

L'aîné des Ménez.
 
Son frère Yves, né à Kersauzon en 1851 a tenu le moulin avec Jeannie Pouliquen. Ils y ont eu sept enfants. Surnommé Saïk de Kersauzon, Yves fut le dernier meunier de notre moulin et était encore recensé comme tel en 1906. Après quoi, on le déclarera comme cultivateur. Il est décédé en 1924 et son fils lui succéda dans cette tâche. Mais trois ans avant sa disparition il aurait, selon la famille, hérité par tirage au sort du moulin du Guern. Aucun meunier n'y est cependant recensé comme tel en 1921.
 Mathurin Ménez, autre frère, né à Kersauzon en 1856, partit tenir le moulin de Brézal, propriété d'Albert Le Roux, en 1904. Il en fut le dernier meunier et endossa lui aussi le métier de cultivateur tandis que son épouse était débitante. Il est décédé en 1924.
Enfin Pierre Ménez, né à Kersauzon en 1858,  est mort à Milin ar Bellec, dit aujourd'hui moulin aux Prêtres, à Landivisiau,  en  1953.

A l'époque des Ménez, l'ancienne métairie de Kersauzon a longtemps abrité la famille Bécam. Guiclan a compté au moins douze moulins. Dont sept sur la Penzé qui borde son territoire : les moulins de Kerougay, Kerlaviou, Moulin-Neuf, Kerdéland, Kernabat et Trévilis. Cinq autres étaient disséminés sur divers ruisseaux : les moulins du Ponthou, de Lézérazien, de Kersauzon, du Cosquérou et du Guern. Seul celui de Kersauzon semble concerner l'Horn. 

"Le manoir de Kersauson, regrettait Louis Le Guennec dans les années 30 n'existe plus ; on voit encore quelques vieux bâtiments, près d'un joli étang actionnant l'antique moulin féodal." Depuis, tout à disparu.

LES MOULINS DE PLOUVORN

Sources

Les Moulins de L'Horn

 


  SON NOM

 

L'Horn(e), est dite aussi rivière de Kerellec, de Herellec ou encore ar Ganal-Goz, le vieux canal. Des archives du XVIIe lui donnent aussi le nom de Gleson. Différents lieux-dits militent pour cette thèse. A Plouénan, on note le moulin de Traonglezou, voire Traonglezoun, la vallée du Glezou(n). A Plouvorn se rencontrent Coadic-Glesoun, le petit bois du Glesoun. Dans l'inventaire des biens de Charles de Penfentenyo, seigneur de Kermoruz, le 10 février 1629, il est fait allusion à la rivière de Glaison, voire de Glezon, terme retrouvé en 1753 dans les aveux de Louis-François Hyacinthe de Penfentenyo. 

Quoi qu'il en soit,  l'Horn, assure la société archéologique du Finistère en 1876, est un nom inconnu des paroisses qu'elle traverse. Ici où là, on la désigne par le nom du moulin le plus proche.

SA SOURCE

Les avis divergent aussi quant à sa source : on la situe tantôt dans les marais de Planten1, entre Saint-Thégonnec et Landivisiau, aux marais de Lostalen, sur Guiclan, ou encore au hameau de Quillivant2, en Plouvorn, si bien que certains étymologistes ont pensé que cette paroisse lui devait son nom : Plou var Horn. Ce qui froisse les partisans de Ploe Mahorn, du nom d'un saint breton dont on doute de l'existehnce.

 L'Horn prend donc naissance au pied d'un relief de quelque 130 m dont le versant opposé libère l'Elorn vers la rade de Brest et l'Atlantique.

Son cours

Quittant à nos yeux Guiclan pour Plouvorn, l'Horn serpente vers le nord, reçoit le Kerlaoudet, du nom d'un hameau de Guiclan, laisse sur le plateau Mespaul sur sa gauche, Plouénan sur sa droite, se porte à la rencontre du Guillec mais, à 400 m de l'atteindre, une colline l'en écarte à nouveau.

Ce petit fleuve côtier parcourt ainsi près de 30 km avant de se jeter dans la Manche dans la même baie que le Guillec, son alter ego, face à l'île de Sieck. Un dolmen se dressait jadis sur le Théven de Kernaëret, la fourche de terre séparant les deux embouchures. Il était encore signalé en 1907 avant de disparaître. On en retrouva des débris 60 ans plus tard.

SON TRACÉ

Les quelques cartes qui, depuis Cassini, en 1780, représentent son tracé diffèrent énormément. Curieusement, aucune étude complète n'a été faite à ce jour avec précision sur les moulins existants ou ayant existé sur l'Horn. C'est ce que nous vous proposons de réaliser ensemble. Ce dossier est donc appelé à évoluer constamment. Adressez-nous vos remarques sur les erreurs commises, les oublis, les meuniers figurant dans votre généalogie voire des images...

SES MOULINS

En 1843, les continuateurs d'Ogée comptaient 14 moulins répartis sur 26 km. Depuis ses sources, jusqu'à l'embouchure, nous en avons répertorié beaucoup plus2.

 

 

SOURCE

mardi 10 octobre 2023

MA VIE DE CHATEAU A BREST (6)

 Par Laurent Quevilly

Epouse du sénateur Le Guen, Adeline Philippe de Kerarmel est décédée chez sa fille aînée, à Ploudalmézeau le 27 juin 1915. Edouard Le Guen lui survivra trois ans. Il s'éteint le 6 février 1918 à Recouvrance dans sa 92e année, bâtonnier de ses pairs. Le Dr Caradec en brosse le panégyrique :

"Le doyen des avocats de France, le grand honnête homme de Brest, estimé, respecté, aimé de tous les partis, est mort hier à midi.

Il y a quelques jours, je le saluais respectueusement, allant à pas menus de sa familiale maison de Recouvrance à son modeste cabinet de la rue de Siam.

Lui qui avait plaidé les plus brillantes causes avec l'éloquence, le charme littéraire qui sont restés comme des modèles dans le barreau, il ne prêtait plus son concours et son talent qu'aux pauvres gens relevant de l'assistance judiciaire. Chez lui, le cœur dépassait l'intelligence. C'était lui qui animait, qui vivifiait la belle ordonnance de ses discours

Il fallait le voir à la barre." Il apparaît rajeuni « , disait en 1913 l'un de mes confrères de la Bretagne mondaine, une ardeur juvénile le pénètre, et c'est un charme de l'entendre. Quelle pureté de langage, quel style heureux, quelles phrases éloquentes et solides ! A la plus petite affaire, il apporte les soins les plus minutieux; dans une cause insignifiante en apparence, il trouve des arguments qu'on ne soupçonnait point... Quand on l'a une seule fois, entendu, même dans l'une de ces menues affaires journalières dans lesquelles il sut mettre tant de talent, on comprend qu'il ait pu assumer le redoutable honneur de plaider contre les plus grandes célébrités du barreau et mesurer son éloquence à celle de Jules Favre.

C'était son cœur aussi qui inspirait toute sa vie de charité, qui ne lui permettait que d'accepter les causes justes... C'était lui qui lui commandait ce magnifique désintéressement qui l'a laissé dans une situation modeste toute son existence.

Dans sa vie privée comme dans sa vie publique, il était le plus charmant, le plus courtois des hommes, sachant écouter son interlocuteur et tenant son rang avec modestie... Il n'y a qu'un point sur lequel il ne barguignait pas, c'était sur l'indépendance de sa corporation... Il aimait d'un tel amour sa profession, qu'il s'était constitué le vigilant .gardien du barreau.

Au Sénat, où il siégea longtemps, il eut à prendre la parole à plusieurs reprises, et ce l'ut toujours avec un haut sentiment de dignité et une scrupuleuse conscience.

Ce vieil honnête homme, aux traits si fins et si loyaux, s'en va chargé d'années rejoindre ceux qu'il a aimés. Quand, dans la. tragédie à laquelle nous sommes tous mêlés, il perdit le plus cher et le meilleur des fils, dans sa belle résignation de chrétien, il leva les yeux au ciel et dit simplement : « Dieu me l'avait donné. Dieu me l'a repris. Fiat voluntas sua. »

Sa devise était : Magna quies in magna spe. Ce grand repos dans la grande espérance, il l'a mérité par sa vie de labeur opiniâtre, si riche en bienfaits. Du séjour réservé aux élus, son âme sortira bientôt pour contempler celle victoire du Droit sur la Force que, comme tous les bons Français, il attendait avec une impatience frémissante."

L'union mutualiste du Finistère publia également un long communiqué à la mémoire de son président d'honneur.

La levée du corps eut lieu le 8, à 10h, rue de la Pointe. Les cordons du poêle étaient tenus par MM. Gauducheau, président du tribunal civil; Guimard, procureur de la République; de Riverieulx, avocat, et Le Calloch, avoué, lieutenant attaché à la commission de contrôle télégraphique. La cérémonie religieuse a été célébrée, à l'église paroissiale de Saint-Sauveur. Mgr Duparc, évéque de Quimper et de Léon, a prononcé en chaire l'oraison funèbre de Me Le Guen et a ensuite donné l'absoute. Dans le cortège : foule de personnalités, des enfants des écoles chrétiennes. L'inhumation a été faite au cimetière de Recouvrance. Selon la volonté du défunt, aucun discours n'a été prononcé. 


Dès juillet 1918, les 1 et 3 rue de la Pointe ainsi que le 16, rue de l'Eglise, étaient mis en vente ensemble ou séparément comme maisons de rapport. Bertheau de Chazal, notaire rue Jean-Macé était chargé de la transaction. Ces propriétés restèrent en vente plusieurs mois....

L'entre-deux guerres

Le 29 avril 1919, 40 tonnes de produits alimentaires en provenance du Batavia furent mises en vente au profit de la Croix Rouge, 1, rue de la Pointe.

Au 16, en 1921, on compte les familles d'Auguste Jézéquel, Jean-Guillaume Raoul, marin de direction originaire de Crozon, Adolphe Creff, mécanicien à la chambre de Commerce et dont un fils est marin d'Etat, Joseph Kervella, ouvrier du port, celle de Jacques Le Géval, maintenant retraité, est toujours à poste, Marie-Jeanne Rannou est recensée sans son policier de mari et a un fils boulanger, un autre apprenti cuisinier chez Perrot, enfin Joseph Louis Hamon est marin de direction. (P. 54)

Dans l'ancienne maison de Justice, la famille Le Guen n'apparaît plus au recensement de 1921. (P. 144) Et pour cause.

En août 1919, les héritières Le Guen vendirent à la ville de Brest un jardin fruitier et d'agrément clos de murs avec maisonnette et serre sis rue de la Pointe. Il s'agit de l'épouse Carof, la veuve Le Franc, demeurant 1 rue du Château, Marie-Anne-Michelle Le Guen, leur sœur, toujours domiciliée 1, rue de la Pointe. Enfin Pauline, épouse d'un médecin homonyme à Vannes.

 

Qui sont ces enfants de la rue de l'Eglise ? (Archives municipales de Brest).


 1926 : on trouve 16, rue de l'Eglise, les familles de Yves Le Roy, forgeron à l'arsenal, Joseph Louis Hamon, Adolphe Creff, désormais à la retraite, le veuve Le Roux et ses enfants, les Géval, les ménages d'Yves Le Berre, dont un fils est quartier-maître, de Jean-Guillaume Raoul, réformé, de Jean Bléas, un veuf. (P. 52)

1931 : Familles de Henry Le Corre, de Landudec, réformé, Joseph Hamon, retraité, Eugène Sinou, ouvrier à l'arsenal, les Géval, Yves Le Berre, retraité, Annette Raoul, Jean Le Stum, marin, d'Argol. (P. 52)

1936 : familles de Marie Hamon, Henri Le Corre, Eugène Sinou, Yves Le Berre, les Géval, Jean Le Stum, Annette Nicolas et sa fille. (P. 460).

Dans l'ancienne maison de Justice, on note la présence d'une cartomancienne qui nourrit la chronique faits-divers. Voici peu, un dame de nom de Bonnaventure vivait aussi dans l'immeuble.


Après les bombardements


L'ancien hôtel et son tribunal sont des miraculés. Alors que Brest fut détruite à 80%, ces maisons font partie des rares édifices encore debout après les bombardements avec le château, la tour Tanguy ou encore l'église Saint-Sauveur.

 

1946. Familles de Marthe Le Corre couturière, Auguste Le Goie, lithographe, Yves Le Berre, retraité, Viana Santos, conducteur portugais, avec deux Géval, Eugène Sinou... (1F91/688)

En 1954, le 16 abritait cinq logements. Il y avait là les familles de Lucien Le Gal, chef d'équipe à l'arsenal, André Le Berre, métreur, Ilidio Dos Santos-Viana, mécano portugais, Eugène Sinou, mécanicien, Annette Raoul-Nicolas, la doyenne, sans profession. (1F95/97)

Epilogue

En 1992, la fontaine fut remise en eau par des ateliers d''insertion. La maison qui lui sert de support est un lieu d'expostion. La "mienne" accueille les touristes en location. Cette maison, la première où j'ai pu me dire chez moi, a beaucoup compté dans ma vie, même si mon séjour y fut bref. 

 

 Vu de la maison de la Fontaine, le pignon intérieur de l'ancien hôtel du duc de Lauzun. Ma chambre se situait en haut à droite...

 J'ai découvert depuis que bien avant moi, un cousin, natif de Jumièges, avait vécu à Recouvrance au XIXe siècle. Il s'appelait Camille Mainberte, tour à tour musicien de la flotte des équipages, gardien du port de Brest, boulanger et enfin ouvrier tonnelier. Il eut plusieurs enfants dans le quartier dont ira mourir au Front, l'autre titulaire de la Légion d'Honneur et dirigeant national des débitants de tabac. Mais c'est surtout un troisième garçon, Charles Joseph, qui fit parler de lui en 1890. Quartier-maître à bord du Borda, il déroba une collecte en faveur des incendiés de Fort-de-France. Sa mère remboursa discrètement la somme mais il ne le savait pas. Il se donna la mort dans une maison-close de la rue des Sept-Saints. Un siècle après ces cousins, je suis venu sans le savoir sur leurs pas. Et toujours sans le savoir, c'est chez l'amant de Marie Antoinette que j'ai vu s'envoler ma vertu. Avouez que l'endroit s'y prêtait...


Laurent QUEVILLY.


Sources

Etat civil et recensements, archives de la Ville de Brest, archives départementales.

Brest a aussi son hôtel de Lauzun, André Kerdoncuff, Les Cahiers de l'Iroise, N° 184, Oct. 1999.

Elites, pouvoirs et vie municipale à Brest, 1750-1820, Bruno Baron 2012.

Dictionnaire des parlementaires français, Adolphe Robert, 1891.

Généalogies de Arnaud Wassmer, journaliste, descendant direct des Maugé, Arnaud Jaffrézic.

Enquête sur Saint-Sauveur, archives diocésaines.

Le vieux Brest, Louis Delourmel, édition de Bretagne.

Bibliothèque Université Paris Cité

Le Finistère monumental, Louis Le Guennec, 

La municipalité de Brest, 1750-1790, Maurice Bernard.