dimanche 15 octobre 2023

2) MOULINS DE PLOUVORN

"Des vallons, des ruisseaux, des prairies, des terres bien cultivées et abondantes en grains, lin et fruits pour le cidre, voilà ce que ce territoire présente à la vue", nous dit Jean Ogée en 1845. Il remarque alors à Plouvorn sept étangs et canaux et 15 moulins à eau. Nous en avons retrouvé 18 dont douze sur l'Horn et ses affluents. A-t-on pu en compter d'autres en des temps plus anciens. Possible. Au village de Kerillo, par exemple, se rencontre une lande nommé Goarem Coz-Milin. Nous sommes là à proximité de Troërin où existent aussi plusieurs parcelles nommées Al Lenn-Coz.

Quinze ans plus tôt, en 1830, eut lieu l'évaluation des revenus de toutes les propriétés apparaissant sur le cadastre qui venait d'être établi. l'assemblée municipale, dans ses délibérations, réserva un point particulier aux moulins. Ils étaient déjà arrêtés au nombre de 15, ce qui ne refletait pas la situation exacte de l'époque car ils étaient, nous l'avons dit, 18. Jean-Marie Le Bras, l'expert, signa le procès-verbal le 30 mai 1830 en compagnie du contrôleur des contributions directes, le sieur Gaultier,  du maire, G. Le Roux et de son adjoint, Jean Couloigne, d'un notable et l'on ne sait à quel titre : Boscals de Reals, propriétaire du manoir et moulin de Troërin. Enfin de 18 signatures, toutes ou presque de meuniers Ainsi relevons-nous les paraphes de Hervé Le Goff, Jean Paugam, H: Kerboas, Hervé Tanguy, Ollivier Rohel, Pluchon, d'une famille de farineux mais aussi de propriétaires résidant au bourg, François Crenn, V: Goarant, Jean Urien, Joseph Roguès, Yves Lérec, J: Méar, Yves Le Guen, Olivier Mingan, Laurent Spagnol, Y: Milin, F. Argouarch et Jean M. Allain. Nous allons bientôt les retrouver.

Née à Guiclan, l'Horn traverse Plouvorn du sud au nord en dessinant un axe central. A l'est se remarquent deux autres cours d'eau : le Cosquerou avec les moulins de Traon-Meur et Milin-an-Toul. Plus à l'est encore coule le Guern avec quatre usines : Coatgren, dit encore Coat-Crenn, Milin-Archan, Moulin-Guernemiry et Moulin-Neuf de la Forest ou moulin de la Forêt. 

Le Cosquerou et le Guern ont leur source à Guiclan et se rejoignent un peu plus au nord de Plouvorn pour former le Béon. L'ensemble de la commune est par ailleurs constellé de nombreux douets à rouir le lin. 

 Le bureau de contrôle conserve les baux de six moulins de Plouvorn. Ils ont pour noms Mespaul, attesté de 1777 à 1784, Keruzoret, Kerelsquivan, Cosquevorn, dit encore Cosquer-Vorn. Kerdouhic et Kerduher, tous attestés de 1782 à 1791.

Mais revenons spécifiquement sur l'Horn et ses douze moulins dont les meuniers font florès en 1836 quand a lieu le premier comptage de la population. Un siècle plus tard, à la campagne, nos agents recenseurs ne rencontreront plus que des cultivateurs, des journaliers ou encore des artisans. En 1946, plus aucun meunier n'est recensé sur la commune. Il en restait pourtant...

MOULIN NEUF

 

 Historique de propriété

Moulin-Neuf se rencontre aussi sous la forme de Milin-Nevez, Moulin-Neuf Kersauzon. Il est situé à la limite de Guiclan. Deux moulins portent le nom de Moulin-Neuf dans la paroisse. L'un sur l'Horn, l'autre sur le Guern.
Le Moulin-Neuf de l'Horn n'est attaché à aucun manoir local. Près de la porte donnant sur la route se voient les armoiries des Vieux-Pont, sieurs de Coatmeur, de Daoudour et de Landivisiau, paroisse de Plougourvest qui blasonnaient d'argent à dix annelets de gueules. C'est une famille originaire de Normandie qui donna un vice-amiral de Bretagne en 1593, Alexandre, époux de Renée de Tournemine, dame de Coëtmeur. Celle-ci était veuve de Jean de L’Isle-Adam, mort le 2 août 1589 d’un coup de lance à travers la visière de son casque lors d’un duel contre le seigneur de Marolles au siège de Paris. Il était capitaine des Gardes du Corps du roi Henri III.
Renée de Tournemine donna deux filles à Alexandre de Vieux-Pont. Les armoiries sont donc celles d'Alexandre ce qui daterait le moulin des années 1600. Mais sont-elles bien d'origine ? Le moulin a son puits et sa fontaine. 

La liste des meuniers

– Olivier Le Vezo y est attesté vers 1670.
– Christophe Bellec, 1680.
– Guyon Cornily en 1713.
– Yves Coativy en 1715.
– Maurice Le Saos en 1738,.
– Jeanne Cornily, fille de Guillaume et Anne Bourhis, y voit le jour en 1742
– Jean Argouarch, époux Cornily, en 1750
– Jacques Bourhis et Jean Jézéquel en 1760.
– Guillaume Jacq, époux Jeanne Cornily, en 1767.
– François Léon en 1802.
– Maurice Prigent en 1817
– Louis Allain en 1822.
– Olivier Kerboas en 1836. Il est l'époux de Marie Allain. Leur enfants, Hervé et Anne, sont meuniers. Les six autres attendent leur heure. Ils ont Paul Jacq pour Domestique. Qui n'apparaît plus en 1841. Dans le voisinage est Jean Couloigner, adjoint au maire.
– Hervé Sioc'han en 1870
 – En 1881, les Marc, originaires de Kerlaoudet, à Guiclan, seront les derniers meuniers du Moulin-Neuf avec tout d'abord Jean-Marie et son épouse Marie-Françoise Argouarc'h. Ils ont quatre enfants. Le garçon meunier est Guillaume Nédélec, 37 ans. On compte aussi Anne Bozec, 17 ans, domestique. En 1891 et 1901 les Marc sont toujours à poste.

Fin d'activité
 
En 1933, une nouvelle roue est installée pour actionner quatre meules. Des godets amènent la farine au grenier où elle est tamisée, emballée puis livrée par charrette 
Aux recensements de 1946, les familles Trévien et Marc, de Moulin-Neuf, ont le statut de cultivateurs. Le moulin a pourtant tourné jusqu'en 1965 et son dernier meunier fut Paul Marc, dit Tonton Paul. A 86 ans, le doyen des meuniers du Léon confia ses souvenirs à la presse locale. Dans le quartier, jusqu'en 1928, chacun pétrissait jadis sa pâte et venait la faire cuire au four à bois. On en retirait des miches de 5 kg. Après la retraite de Paul Marc, le mécanisme du moulin fut entretenu par son nouveau propriétaire. En 2014, André Diverrez reçut les résidents de la maison de retraite Saint-Roch en retraçant l'histoire de ce moulin qu'il date du XVIe siècle.


 TRAONLEN

Historique de propriété
 
 Traonlen, se rencontre aussi sous la forme de Traoulen, Traoulin, Tronlen. Ethymologiquement, signifie la vallée de l'étang. Propriété des Keroignant qui blasonnaient D'azur au gantelet d'argent mis en pal, le lieu est passé aux Kergorlay, aux Le Rouge, aux Audren de Kerdrel. Le propriétaire était Louis Damesme de La Bouvernelle, maire de Lanarvily, en 1830. Vétéréniaire, il est l'époux de Pélagie Audren de Kerdrel. Le revenu du moulin était estimé à 97 F. Le moulin passera enfin aux Damesme de La Bouvernelle et leurs divers héritiers : de Rodellec du Porzic, Aubert de Vincelle... 
 
Liste des meuniers
 
– La famille Bodilis se signale au manoir et au moulin de 1720 à 1785, selon Yves Croguennec dans une étude sur la site.
– Yves Colliou, dit "du moulin de Traonlen", fait partie des notables locaux qui s'opposèrent à la levée en masse décrétée par la Convention en 1793, ce qui aboutit à la bataille de Kerguidu. Il était l'époux de Marguerite Rannou. Son père, prénommé comme lui, demeurait au Moulin-Neuf en 1780. Il est mort deux ans plus tard. 
Yves Colliou fut aussi père de meuniers. Henri-Marie Colliou sera très mobile. Mais on le verra revenir en 1817 exploiter Keruzoret puis le Moulin-Neuf Kersauzon avant de partir sous d'autres cieux.
– Traonlen était exploité en 1817 par Yves Kerboas. La famille Kerboas est, selon Croguennec, attestée depuis 1778 au moulin en compagnie des familles Manach et Auffret.
– Guillaume Manach est meunier en 1836 avec Marie Kerboas, sa femme. Ils auront neuf enfants. Veuf, Yves Manach est cultivateur et  vit avec ses deux filles en bas-âge. Mais il va bientôt mourir. On relève encore deux frères Kerboas, une orphelin, Françoise Lafontaine, quatre domestiques : Guillaume Morvan, Jean Goarant, Pierre Olier, Alain Mével. Marie Brun est servante. Anne Kerboas, cultivatrice de 55 ans, termine cet inventaire.
En 1841, Guillaume Manach est toujours là avec sa famille qui s'est encore agrandie mais son frère Yves est mort. Alors, les deux orphelines sont prises en charge par Jérôme Kerboas, meunier, récemment marié avec Catherine Cueff qui lui a donné une fille.  Enfin Jean-Marie Kerboas est cultivateur. S'ajoutent Guillaume Morvan, porteur, Louis Béchu et Jean Person, domestiques. Deux filandières complètent l'entreprise : Anne Kerboas et Françoise Lafontaine. Soit 22 personnes.
André Croguennec a consulté les baux de Traonlen, ainsi a-t-il vu sur celui de 1857 :
 1° A Guillaume Manac'h, époux de Marie K/boaz ; 2° à François Auffret, époux de Olive Manac'h ; 3° à Jean-Marie Auffret, époux de Catherine Manac'h, tous cultivateurs, demeurant à Traoulen, sur la commune de Plouvorn
– En 1878, François Castel, époux de Marguerite Péron, cultivateur, vient de Lanneuffret pour prendre la suite.
– 1891 : Hervé Le Sann meunier tandis que ses frères sont cultivateurs, Guillaume Prigent garçon meunier. Les Le Sann sont alliés aux Pichon. En 1901, tout les habitants de Traonlen sont recensés comme agriculteurs.
– François Spagnol exploite le moulin en 1911.
 
Le moulin a été démoli en 1927. Il ne reste du manoir qu'un petit bâtiment percé d'une fenêtre gothique. De nombreux ornements ont été réutilisés ailleurs.

En 1936 et 1946, les familles Le Sann, Pichon et Paugam, cultivateurs, peuplent Traonlen.

 KERMOYEC


 

Historique de propriété

 Kermoyec est un moulin sensiblement éloigné du manoir de ce nom. Celui-ci n'a curieusement pas intéressé nos érudits. On note un Yves Le Barbu, Sgr. de Kermoyec, 73 ans en 1522 lorsqu'il se rend à une montre de Guingamp et qui fut surpris par une descente des Anglais sur Morlaix. Les Barbu, ou Barvet, étaient aussi seigneurs de Ternant, paroisse de Plouvorn.

La liste des meuniers

– La famille Spagnol y est attestée depuis l'ancien régime, tant au manoir qu'au moulin. Jean Spagnol est né en 1686 à Plouzévédé et décédé à Kermoyec en 1763. Avec les Créac'h, de Kerhoant, ce serait l'une des plus longues dynasties de meuniers en un même moulin. Celle-ci va jusqu'à François Marie Spagnol, décédé en 1949. 
En 1836, Laurent Spagnol, 49 ans, est meunier en compagnie de Marie Person qui a eu un enfant Argouarc'h d'un premier lit. La famille affiche alors six meuniers. mais de plus jeunes enfants mettent sans doute la main à la pâte. Le clan familial compte douze personnes  et deux domestiques, Marie Guillou et Jean Guillerm, fournier ainsi qu'une servante, Françoise Stum. Le plus proche voisin est le maire de l'époque, Jean-Marie Urien, cultivateur. 
En 1841, les employés des Spagnol sont cinq. Guillerm est toujours fournier, le porteur du moulin est Pierre Bihan, domestiques : Pierre Paul et Prigent Malgorn, servante : Marie Signard.
 En 1881, le moulin était exploité par Laurent Spagnol fils, époux d'Anne Paugam. Venu du moulin de Traonlen, Joseph Manach, 40 ans, est garçon meunier. Anne, la sœur de Laurent, s'adonne à l'agriculture avec François Saillour. De même que Jacques Spagnol, marié à Jeanne Jacq et leur fils François. 
En 1891, François Jaffrès, gendre d'Anne Paugam, époux d'une Spagnol et Joseph Manach sont meuniers.

Fin d'activité

1901 : Les familles Le Roux, Spagnol, Saillour sont qualifiés d'agriculteurs.

 

LANORGANT

A l'ouest le moulin, à l'est le manoir. 

  
 Historique de propriété

Lanorgant, variante Lannorgant, est sis près des restes d'un manoir, berceau de la famille de Lanorgant qui blasonnait d'azur au lévrier rampant d'argent, colleté de gueules. Ce fut l'une des acquisitions du chanoine Barbier, grand propriétaire foncier qui acheta aussi manoir et moulins de Kerhoant. 
 Le propriétaire en 1830 est le comte de Keruzoret, résidant à Paris. la valeur fiscale du moulin est de 105 F.
 
La liste des meuniers
 
– Julien Le Vézo tient le moulin quand, le 27 mars 1705, son beau-père, Yves Jaouen, décède sous son toit. C'était tailleur que l'on dit alors âgé de 95 ans. Julien avait épousé sa fille suzanne en 1697 dans l'église de Plouvorn. Celle-ci avait pour parrains un prêtre, Jan Jaffrez et Suzanne Barbier, dame de Keruzoret.
– Yves Le Vezo, fils de Julien, se maria en 1712 avec Anne Le Joncour. Il enterra sa mère en 1730 et mourut prématurément en janvier 1731. Sa veuve fit aussitôt un enfant avec Nicolas Lesteven et, mourut à son tour en 1732. Lesteven partit alors pour Plougoulm où son nouveau-né trépassa.
– Noël Diverres, fils du meunier de Keroulouarn et Marie Herry tiennent le moulin en 1768 quand leur vient une fille, Anne.
–  Mathurin Jaffrès, ancêtre du chanteur Gérard Jaffrès, est valet de moulin à Savin, Plouzévédé, quand il épouse Anne Diverres. Il est mort au moulin de Lanorgant en 1805.
–  Gilles Porzier, meunier en 1815 en compagnie de Jeanne Le Roux. Il mourra en 1833, elle en 1841.
– En 1836, la doyenne est Anne Le Roux. C'est la tante d'Yves Prigent, meunier, marié à Anne Portier dont il a quatre enfants. Le frère d'Anne, Olivier Portier, est également meunier à Lanorgant. Lui est marié avec Anne Son et a trois enfants.
En 1841 les Prigent ont maintenant six enfants dont François, déja porteur. Les Portier ont cinq enfants. Anne Roux, la doyenne, est journalière.
En 1870 meurt Marie Soun, meunière née au moulin du Roz, à Cléder.
– En 1881, la meunière est Guillemette Olier, veuve Portier, aidée de ses deux jeunes fils aînés, elle a six enfants en tout. Elle est épaulée par son beau-frère, Gilles Portier, 52 ans. Au moulin vit aussi un douanier de 70 ans à la retraite et célibataire. C'est le frère de Marie Soun, il y décède en 1888.
En 1891, Guillemette Olier est toujours la chef de ménage et meunière, secondée par son fils et Gilles Portier.
En 1907 on repêcha le cadavre d'un inconnu près du moulin de Lanorgant. Il devait avoir entre 30 et 40 ans, la moustache blonde, du pain, de la viande et un mouchoir à carreaux dans les poches. Il avait dû séjourner une vingtaine de jours dans "l'Orne", nous écrit la Dépêche.
 –  Il avait livré du pain pesant soit-disant cinq kilos mais qui n'en faisait que quatre. Le tribunal correctionnel, dans son audience du 20 août 1920, condamna Rolland Quéau, 40 ans, meunier à Lanorgant, à 16 F d'amende.
 En 1936,  Rolland Quéau est toujours recensé comme meunier. Il a 56 ans. Sa femme, Françoise, est de cinq ans son aînée. Elle est de Tréflaouénan. Le couple vit avec son fils, Joseph, né en 1910 et qui sera prêtre. Il y a aussi la belle-mère, Louise Cueff.
Pendant la Seconde guerre, les Quéau n'ont jamais fourni de pain blanc aux Allemands. Bravant les interdits, ils le réservaient aux Bretons. On dit que le cheval de Lanorgant ouvrait lui-même les barrières des clients lors des livraisons.
 
Fin d'activité
 
 Le four a paraît-il fonctionné jusque dans les années 1960. Veuf, Rolland Quéau est décédé au moulin en 1965. Son fils prêtre aussi, en 1973.

 

KERVENNEC

Historique de propriété
 
Kervennec s'écrit aussi Kervennec ar Vilin. Daté de 1622, on ignore à quelle maison noble il se rattachait à l'origine.  Le moulin est cependant la propriété du comte de Keruzoré, en 1830, mais le contribuable est Paul Ollivier. Son revenu est alorsévalué à  80 F.
 
 La liste des meuniers

– Françoise Jacq y est née en 1678.
– Claudine Irien en 1679.
– Olivier Marc y est attesté en 1742. 
 – En 1831, le meunier est François Person.
– 1836 : Jean Mescam, 40 ans et Marie Le Roux. Ils ont quatre enfants. Un domestique : François Quéguiner, 48 ans. Ils sont toujours présents en 1841 avec un cinquième enfant mais Quéguiner est parti.
– 1881 : les Person sont dits cultivateurs mais dix ans plus tard, François Trividic, époux de Marie Person, est bien meunier. Ils ont la trentaine et sont toujours en activité en 1901.
– En 1928, le meunier était M. Le Lann qui avait pour employé M. Masson. 
– Dernier meunier : Jakez a Lez miliner
 
 Fin d'activité

 Le moulin a fonctionné jusqu'en 1925. Les meules furent vendues en 1936, on recense alors trois familles d'agriculteurs à Kervennec : les Le Roux, Nédellec et Le Sann, cultivateurs.
 

 KEROIGNANT


Historique de propriété. Keroignant est dit encore Kerroignant, Kerounyant, Kerougnan. C'est le moulin le plus au nord de la commune. En aval de Keroignant part un ruisseau vers le moulin de Kertanguy, situé à Mespaul.  
Manoir, moulin et chapelle appartinrent longtemps aux seigneurs de Kerounyan, blasonnant d'azur au gantelet d'argent mis en pal, attestés ici en 1426, puis, par union en, 1578, aux Kergorlay. Ces deux familles, soucieuses du salut de leur âme, faisaient montre de modestie. Dans son testament, Marie de Keroignant, épouse de Jean de Kergorlay, ordonna que ses obsèques soient célébrées «sans pompes et vanités mondaines». Malade, alité de longue date, son fils Charles de Kergorlay refusa d'avance pour ses funérailles que soit dressée pour lui «aucune tente de noir ny de blanc, aimant mieulx que les deniers qui y pourroient être consommés soient employés à la nourriture et l'entretenement des pauvres». Charles était aussi seigneur du Rusquec.
Toujours par mariage, Claude de Kergorlay apporta Keroignan en 1629 à Loys de Kersauzon. En 1669, Keroignan était à Prigent de Kersauzon, époux de Gilette Le Cozic de Kerloaguen.
Charles Paul, dont le cahier d'écolier sous Louis XV a été conservé dans notre famille, vécut au manoir de Keroignant où il est mort en 1782. On note dans les alentours du moulin une maison, un crèche, des prairies appelée Prad-Paul, Prad-ar-Feunteun. Le domaine fut vendu comme bien national. Le manoir a disparu ainsi que son colombier, sa chapelle. Ses pierres et deux statues de saint Nicolas et sainte Marguerite furent transportées à Troërin.
En 1830, François Victor Julien Halligon, de Brest, était propriétaire des lieux. La valeur fiscale du moulin était de 135 F. Soit la plus élevée de la commune. Natif de Saint-Brieuc, Halligon était commissaire général de la Marine. Il va donner plusieurs officiers dont un contre-amiral.
 
La liste des meuniers

– En 1836, la doyenne est Marguerite Sousset, veuve Monfort, 74 ans. Né au moulin du C'Hoenner, Tanguy Monfort est meunier avec son épouse Louise Caroff. Ils ont cinq enfants. Laurent Irien est fournier, François Castel aide-meunier. Domestiques : Jean Mevel, Yves Stéphan, Jean et Paul Tanguy. Servantes : Catherine Rideller et Marie Nédellec.
En 1841, la famille reste inchangée, les employés sont Laurent Irien fournier, Paul et Jean Priser domestiques. Trois garçons meuniers : François Crenn, François Castel et Olivier Coat. Catherine Rideller est servante.
En 1855, Marie-Josèphe Monfort s'étant mariée, son époux, Michel Trividic devient meunier à Keroignant. Ils eurent plusieurs enfants dont un recteur du Drennec, un étudiant mort à 19 ans à Saint-Pol.
Le patriarche, Tanguy Monfort était toujours meunier à Keroignant en 1876, année de sa mort. Louise Caroff lui survécut dix ans comme meunière. Le couple aura eu en tout une dizaine d'enfants dont un professeur au Kreisker qui vivra au moulin, un employé des chemins de fer. Michel Trividic, gendre des Monfort, est toujours meunier en 1881 sous la coupe de sa belle-mère. Jean Le Berre est garçon meunier, Jeanne Moaligou domestique chargée des tâches agricoles.
Fils de Michel, Jean-François Trividic est également meunier en 1881. Mais il est incorporé au 19e RI pour un an. C'est un brun qui mesure 1,64 m.
Michel Trividic, meunier en 1891. Il a maintenant 65 ans.
 Keroignant forme un village. En 1896, un vieil homme, Yves Le Gall, retenu au lit par la maladie avait eu la force de se lever pour préparer son repas. Un peu plus tard, il se réveilla en sursaut, cerné par les flammes. Heureusement, un voisin, le sieur Bozec, le tira d'affaire.
 – Jean-Marie Choquer épousa Marie-Françoise Monfort en 1897 et fut meunier au moulin. En 1901, il a François Kerrien, 60 ans, pour garçon meunier. 
 
En 1936, les familles de cultivateurs Creignou et Tonnard sont recensées à à Keroignant. Madeleine de Menou : "Du manoir de Keroignant il ne reste plus malheureusement qu'une très belle porte qui nous laisse penser que Kerroignant était une très belle demeure. Le manoir était accompagné d'une chapelle, détruite, et d'un moulin situé de l'autre côté de l'Horn dans un joli site"

SUR LES AFFLUENTS


 

LE RUSQUEC

 


 

 

 

 

 

 

 

Historique de propriété

Le Rusquec se trouve au sud-ouest de la commune, à la naissance d'un long affluent de l'Horn qui rejoint la rivière principale après avoir traversé le plan d'eau de Lanorgant. Le syndicat de l'Horn donne à ce ruisseau le nom d'Ar Gens. Madeleine de Menou l'appelle le Goyen. Le moulin à un homonyme à Saint-Herbot.

En limite de paroisse avec Plougourvest, le moulin du Rusquec est attaché à un manoir, berceau de la famille du même nom blasonnant comme les Kerhoant, d'argent et de sable. Le manoir passe en 1530 à la famille de l'Estang pour plusieurs siècles. Outre la maison noble et le moulin, deux fermes complètent l'ensemble : Rusquec-Bihan et Rusquec-Braz.

La liste des meuniers
 
– Olivier Breschart accueille un fils né au moulin en 1664. Il sera l'époux de Françoise Urien.
– Guillaume Malvenec, époux de Marguerie Marc, y meurt en 1705. 
– Guillaume Prigent, y pleure son épouse, Louise Postec, en 1783. Ils s'étaient mariés dans la chapelle.  Dès lors, cette même famille va tenir le moulin jusqu'à la fin.
 Manoir et moulin sont propriétés, en 1830, de M. de L'Estang du Rusquec, de Tréflévenez. La valeur fiscale du moulin est de 52 F de revenu. Près de l'usine est la prairie nommée Al Leur Coz (555).
En 1841 Guillaume Prigent fils, né au moulin, est le chef d'exploitation. Il est l'époux de Jeanne Bléas qui a mis au monde 13 enfants. Du coup, le Rusquec est une belle entreprise familiale. Jean-Marie Prigent est meunier, Hervé Prigent porteur, mais une grande partie de la famille d'adonne à l'agriculture. En 1841, on emploie un fournier : Alexandre Caboussin.
En tout, quinze personnes vivent au moulin. Quant au manoir, il est habité par les Fitamant, des cultivateurs. 
Guillaume Prigent meurt au moulin en 1846. Sa sœur Françoise est alors au moulin de Kermoyec.
A la génération suivante, c'est François Prigent, époux de Marguerite Rolland, qui tient le moulin du Rusquec. Il est attesté en 1881 et a 72 ans. Ses quatre enfants le secondent. Sa belle-sœur, Françoise Mons, veuve Prigent, verse dans l'agriculture avec ses enfants. Tout comme Anne Mingant, veuve Prigent, belle-fille du patriarche.
En 1891, Jean-Marie, Laurent et Marie Prigent sont tous trois muniers, ils ont 31 à 44 ans. En 1901, on ne recense que des cultivateurs au Rusquec.

Les restes du manoir furent rasés en 1923. Louis Le Guennec, venant de visiter Keruzoret, en parle ainsi : "Plus au sud était était le vieux manoir du Rusquec qui vient d'être démoli. On y voit deux écussons portant les armes des de l'Estang du Rusquec, partis l'un de Kersainguilly, l'autre de Poulpiquet. La famille de l'Estang du Rusquec existe encore."  Et comment ! Depuis la Révolution, elle a donné quatre maires à Tréflénez, plutôt royalistes...
Les frères Prigent actionnaient toujours le moulin en 1928. Il comptait six meules, une boulangerie. 
 
 Fin d'activité

La famille Prigent est toujours présente au Rusquec en 1946 mais avec le statut de cultivateurs. François Prigent y est mort en 1954.
 
 

 TROERIN 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 Historique de propriété
 
Troërin se situe en aval du Rusquec sur le même affluent.Le Troërin est le nom de l'affluent de l'Horn passant au sud de la chapelle de Lambader pour alimenter le vaste bassin rectangulaire qu'est l'étang du château actuel.
 Dit aussi moulin de Troërisi (Ogée, 1845, Marteville et Varin 1853), le moulin de Troërin est lié à l'ancien manoir manoir de ce nom attesté dès 1413 et qui fut propriété de la famille éponyme. Charles de Troërin le reconstruit en 1653. Après lui, René de Troërin relève le moulin en contrebas de la pièce d'eau. Corentine de Troërin épouse de La Tullaye en hérite en 1768. Sa fille Henriette et son mari, Charles de Boscals de Réals construisent un château entre 1815 et 1825 tout en conservant l'aile édifiée du XVIIe s. et l'imposant colombier du XVIe. Les différents ruisseaux ont été déviés de leurs cours pour alimenter moulin, logis, jardin, vivier, étang...
 En 1830, le propriétaire est Casimir Boscal de Réals, époux de Catherine de Kersaintgilly dite encore de Saint-Gilles. Le couple vit au manoir et à plusieurs domestiques à son service, dont Jeanne Portier, "fille de basse-cour".

 La liste des meuniers

– Pierre Riouallon est localisé comme meunier quand sa première épouse, Marguerite Le Borgne, décède à Troërin en 1742. Il se remarie à Jeanne Le Coz, native du moulin de Savin, à Plougourvest, qui lui donne deux enfants à Troërin. La famille quitte le moulin après 1745 pour celui de Prat-Guen, à Saint-Thégonnec.
Jacques Cadiou, époux de Catherine Abalain est meunier en 1774. Leur fils Yves ira tenir le moulin de Prat-Hir à Saint-Pol où il finira ses jours.
François Jean, meunier, époux de Marie Le Men, meurt au moulin en 1779. Sa veuve demeura au moulin où elle décéda en 1826, son fils Alain étant alors meunier. En 1784, suite à la démission de l'abbé de Keroulas, le chapitre de la cathédrale de Saint-Pol désigna l'abbé de Troërin comme grand chantre. Il l'était encore sous la Révolution.
Claude Portier, dit encore Porzier, époux de Marguerite Jubil, en 1832, exploite alors le moulin. Il a succédé à son père Gilles, originaire de Plouzévédé, un temps meunier à Kerautret et Lanorgant. Claude Portier ira finir ses jours au moulin de Milin-Toul.
En 1836, Jeanne Roux, veuve de Gilles Portier, 55 ans, est la doyenne du moulin et meunière est son métier. C'est qu'elle est née au moulin de Lezireur, à Henvic. Elle vit ici avec ses deux filles, Anne Marie Jeanne et Marie Yvonne encore célibataires. Tisserand de 29 ans, François Abaléa vit également au moulin, il est l'époux de Françoise Portier. Et puis il y a donc Claude Portier et sa famille. Un domestique : Pierre Le Bihan.

La doyenne, Jeanne Le Roux, décède le 5 janvier 1841 au moulin. La même année, on note que François Abaléa, hier tisserand, s'est reconverti dans l'agriculture. Le 8 juin il a de François Portier un fils, Ollivier, Ce garçon ira s'établir à Brest.  Toujours en 1841, Marie-Yvonne et Yves Portier sont également recensés comme meuniers.

En 1863, Jean Goarant est de noce à Kergoulouarn. 1869 : son frère Olivier et Marie-Yvonne Creignou donnent naissance à Jean-Louis Goarant. Les Goarant occupaient avant Troërin le moulin de Traon-Meur, sur le  Cosquérou. Cette famille de meuniers est originaire de Plouzévédé.
En 1881, c'est Olivier Goarant le chef de famille. Olivier Corre est garçon meunier, on compte trois jeunes domestiques attachés à l'agriculture :  Joseph Auffret, Christophe Pailler et Marie Françoise Simon. Dans le manoir voisin dont relève le moulin, il est intéressant de noter l'abondance du personnel sous la houlette de Catherine de Saint-Gilles, douairière de Reals et mère du maire. On comte deux cochers, deux femmes de chambre, un gouvernante, une lingère, un jardinier et même une institutrice en la personne de Marie Karren. Les Boscals de Reals ont alors trois filles et un fils.
En 1891, François Olier, 36 ans, est garçon porteur.
Au mariage de Jean-Louis Goarant, en 1897, avec Marie-Jeanne Allain, la famille occupe toujours le moulin. Jean-Louis a pour beau-frère Jean-Marie Le Guen, également meunier à Troërin. 
 
Durant la guerre de 14-18, Jean-Marie Le Guen, du moulin, bachelier, laisse des écrits qui seront sélectionnés par le comité Foch parmi les belles lettres de Poilus.
 
Le poisson de l'étang de Troërin faisait jadis l'objet d'une adjudication. Ce fut le cas le 16 juillet 1918 en l'étude de Me Quéré, notaire de Plouvorn. La famille Le Guern se fait plutôt remarquer dans les années 20 pour ses résultats dans les concours de chevaux. Le chef de famille, Joseph, est recensé en 36 comme cultivateur.

En 1942 mourut au château de Troërin le général Boscals de Reals, comte et maire de Plouvorn.
 

KERUZORET

 

Historique de propriété. Situé à la naissance d'un affluent situé plus au nord que celui du Rusquec et de Troërin. L'imposant château de Keruzoret fut construit vers 1500. c'est le domaine des Le Borgne de Keruzoret. Ils blasonnent d'azur à trois huchets d'or liés et virolés de même.   

En 1830, le moulin donne un revenu fiscal évalué à 93 F. Il est propriété du comte de Keruzoret, demeurant à Paris. Maissouvent à Keruzoret. Fils d'un officier de Marine mort émigré à Jersey, taciturne et sourd-muet depuis une typhoïde, Mutus, comme on le surnomme a été élevé par son oncle, Jean-Marie Le Borgne de Keruzoret. Il en a épousé la fille, Marie-Françoise Le Borgne de La Tour, fille de son tuteur. 
Ce couple de cousins a perdu son fils unique, Edmond, né le 2 novembre 1809 à Plouvorn, lieutenant de carabiniers, tué en duel à Saint-Cloud. Mais leur fille Sidonie s'alliera, en 1833, avec Audren de Kerdrel. 
Aussi belle que fine d'esprit, c'est Mme de Keruzoret qui écrivit une chanson devenue très populaire en Bretagne : Le conscrit de Saint-Pol. Elle se chante sur un air flamand, celui des Cinq clochers. Les paroles auraient été inspirées à la comtesse par le fils de l'un des ses fermiers, Yvonig, qui se morfondait dans sa caserne.

 Née à Versailles, élève de M. Hubert, Zoé-Jeanne Gastellier a fait une aquerelle du moulin au XIXe s. 

Liste des meuniers

– Meunier, Yvon Coadou épouse Marguerite Riou en 1687 à la chapelle du château. Elle mourra en 1709 au moulin de Kergoulouarn. 
– Julien Le Vezo est attesté au moulin de Keruzoret en 1697. 
– Yves Edern est né au moulin en 1778. Sa mère, Marguerite Allain, fut meunière puis aubergiste à Plouvorn avec son mari, Louis Edern. Elle était d'une fratrie de 18 enfants. 
– Yves Kerrien né au moulin en 1814 de René Kerrien et Anne Nédellec. 
 – Guillaume Trividic est meunier en 1841.  Natif du moulin de Kerham, en Plouzévédé, il a transité par le moulin du Collen avant d'arriver à Keruzoret. Sa seconde épouse, Marie-Jeanne Pluchon, est née au moulin Quinquis, à Bodilis. Le couple aura onze enfants plus ou moins viables. On compte deux domestiques en 1841 : Claude Mesmeur et Ollivier Mével. Hélas, le chef de famille meurt en 1843 encore jeune car âgé de 53 ans. Son épouse venait également de rendre l'âme.
– François Le Gall est chef de famille en 1881. Il a 68 ans et est l'époux de Françoise Trividic. Le couple est secondé par un fils et une fille, femme d'Alain Siohan. Un garçon meunier : Goulven Rozec, une jeune domestique versée dans l'agriculture : Hélène Cardinal.
A cette époque, Sidonie de Keruzoret, épouse Kerdrel, est devenue une douairière de 70 ans. Elle règne sur un château où l'on compte un maître d'hôtel, une cuisinière, une gouvernante, un cocher, une femme de chambre et un jardinier. Il y a dans le voisinage deux mendants vivant chacun seul, sans doute dans quelque cabane et de la charité du château : Jeanne Bounder, veuve Choquer 74 ans et Jean Bergot, 72.
François Le Gall va bientôt aller mourir au moulin Quinquis. Son épouse, elle, décède à Keruzoret en 1890. 
1891 : Alain Siohan prend le relais de son beau-père et commande à Jacques Déroff, meunier de 70 ans et Jean-Marie Guéguen, garçon porteur de 20 ans. En 1901, le porteur est Jean-Marie Nédelec, 25 ans. On compte un boulanger : François Mallégol et un domestique meunier, Yves Morvan, 53 ans.
Dans son audience du mercredi 16 mars 1898, le tribunal correctionnel eut à juger François-Marie Malgorn, 22 ans, aide-cultivateur et garçon meunier à Kéruzoret Il a soustrait avec effraction, au préjudice d'un autre domestique, Cornily, une somme de 100 francs. Il reconnaît avoir dépensé 55 francs en boissons et avoir acheté des vêtements avec la différence. Le tribunal confirme le mandat de dépôt et invite le procureur de la République à prendre de nouveaux renseignements près du sieur Sioc'han, ex-patron de Malgorn. L'affaire est renvoyée.
En août 1916, Jean-Marie Siohan est décoré de la Croix de guerre. Logique. Depuis son jeune âge, son père, Alain Siohan et ses compatriotes le surnomment Jean Bart.
En 1925 André Siohan mourut au moulin de Kerouzoré où il fut meunier. Et deux fois marié : d'abord avec Marie-Jeanne Le Gall, issue de la confrérie, puis Catherine Stum, également descendante de meuniers. André Siohan eut ainsi 15 enfants, dont un boulanger. Tous n'ont pas vécu de longues années.

En 1936 le moulin est propriété de Louis de Menou, né à Somloire, Maine-et-Loire en 1901, époux de Gabrielle de Turgy d'Estrées. Capitaine au 19e RI, il mourra pour la France en mai 40. Deux familles de cultivateurs : les Simon et les Kerdilès dont notre oncle Louis, époux d'Angèle Gardic. Son père, Yves Kerdilès, est en effet décédé en 1941.

Photo : Moreau.henri (Creative Common)

 

KERVIDONES



Historique de propriété.
Kervidones est aussi appelé Kervidounes, Kervidonez, ar Vilin-Bihan. Immédiatement en aval de Keruzoret sur le même affluent. Ses dimensions sont modestes. On le devine ici en haut à droite du bief. La toponymie locale est explicite : Coat ar Vilin-Bihan, Goarem ar Vilin-Bihan...
 
En 1830, son revenu est évalué à 52 F, soit le plus bas de tous les moulins de Plouvorn. Il est aussi propriété du comte de Keruzoret. Il est resté longtemps inactif. Manifestement, ce moulin est le seul de la commune qui ne soit pas habité. Du coup, il est difficile de déterminer ses périodes d'activité. Sans doute était-il exploité la plupart du temps par le meunier de Keruzoret. Un hameau porte bien son nom, mais il est sensiblement éloigné entre 1841 et 1881, on n'y recense que des familles de cultivateurs : les Argouarc'h et les Malgorn. Grâce à Madeleine de Menou, nous savons qu'en 1919 le comte Audren de Kerdrel fit rénover le moulin par un entrepreneur de Landerneau. Il est alors équipé d'une paire de meules  en carreaux dits de Rouen. Il fut confié à Alain Siohan qui tenait déjà Keruzoret.
 
 
 
 

 KERGOULOUARN

 

 Historique de propriété

Kergoulouarn se rencontre aussi sous la forme de Kergounouarn, voire Milin-Coz. Ce moulin est situé sur l'affluent le plus au nord rejoignant l'Horn à Tréveil. Dépendait du manoir de la famille Simon de Kergoulouarn qui blassonnait d'argent à trois fusées de gueules. En 1578, Jeanne de Kergounouarn épousa Ollivier Le Rouge. Son petit-tils fit rebâtir le manoir en 1653. Il en demeure des vestiges.
La seigneurie fut transmise vers 1670 par acquet au financier morlaisien Allain de La Marre.La seigneurie passa par alliance aux Bertou de Kerveziau et aux Bourdonnaye-Montluc en 1764.  En 1798, les citoyens Bazin et de Chamet rachètent la seigneurie.
En 1816, René Marie Le Guen, notaire à Landerneau, se porte acquéreur du domaine.Il est toujours propriétaire en 1830. Le revenu fiscal du moulin est alors évalué à 80 F. Au moulin s'adosse à cette époque une écurie. Près de là sont deux maisons rurales avec courtils et dépendances, un four, un colombier... 
Albert de Turgy rachète le domaine en 1904. Il est l'époux  d'une Kerdrel. Par héritage, Madeleine, l'épouse de Jacques de Menou, maire et sénateur, a possédé le manoir de Kergoulouarn. On lui doit une histoire de Plouvorn.
 
Aux alentours du moulin, de nombreuses parcelles portent le nom de chapel. Une chapelle a effectivement existé sous le nom de Notre-Dame-de-Pitié. Marie-Louise Le Rouge s'y maria en 1673 avec Claude-Jean Audren de Kerdrel.  Une légende s'y rapporte. Résumons-là très vite. La châtelaine de Kergoulouarn avait deux filles. La belle Juzette, née du premier lit de son défunt mari. Et Barbe, sa préférée bien que fort laide et exécrable. Le soir de la fête des morts, la mère dit à Juzette d'aller lui quérir son livre d'heures oublié à la chapelle. Epouvantée, la pauvre fille finit par s'y rendre et tombe sur un prêtre en prière entouré de six trépassés. Voilà cent ans que cet aréopage tente de rejoindre le ciel. Cent ans que le prêtre attend qu'un bon chrétien lui réponde pour mener à bien la messe qu'il a oublié de célébrer. Si Juzette s'y prête, le voyage se fera enfin. Elle hésite. Puis y consent. En remerciement, l'assistance la rend encore plus radieuse. Ce qui, à son retour, exaspéra sa mère. Mais lui suggéra une idée : celle d'envoyer pour un prétexte futile Barbe à la chapelle. Là, six korrigans dansant sous la houlette d'un sonneur de leur espèce invitèrent Barbe à la dance. Ce qu'elle leur refusa. Pour récompense, la voilà plus laide encore. Pire. Lorsqu'elle parle une bouse de vache s'échappe de sa bouche. 
La marâtre eut beau martyriser Juzette, la renommée de sa beauté parvint jusqu'au oreilles d'un marquis du Porzay. Le voilà bientôt qui emporte la belle en son carrosse jusqu'à l'église de Mespaul. La mère les accompagne. Mais un voile recouvre les traits de Juzette et elle reste bien muette. Jusqu'au moment où l'attelage menace de verser. C'est alors que Barbe, qui vous l'aurez compris a pris la place de sa sœur, profère les plus osés jurons et  répand une bouse de vache. Le marquis jeta sur la route ces deux mégères et s'en retourna délivrer Juzette. Tous deux  coulèrent des jours heureux en Cornouaille. Et les deux harpies finirent les leurs à Kergourlouarn.

La liste des meuniers
 
– Le 1er mars 1709 mourut au moulin Marguerite Riou, elle est l'épouse d'Yves Coadou, originaire du moulin de Keruzoret qui lui survivra deux ans.
 – Le 11 février 1730 mourut au moulin de Kergoulouarn Marguerite Le Malvennec, épouse de Louis Nicolas.
– Pierre Diverres meurt au moulin le 23 octobre 1737. Voire au Moulin-Neuf.
 – François Mesmeur est meunier en 1796. En 1798, les citoyens Bazin et de Chamet rachètent la seigneurie. Le moulin est alors exploité alors par Jacques Divérès et son fils Hervé, du moulin de Keroignant. Leur fermage est rapporté par Madeleine de Menou : "150 F en numéraire métallique et dix-huit jeunes canards dans toute leur force et bien nourris."
– En 1825, Louis Grall et Anne Gravet succèdent aux Diverrès et son fils Hervé. Les Grall doivent entretenir un douet à rouir le lin dans Prat-ar-Marec et payer un fermage de 200 F en or ou argent, 125 kg de froment, 50 kg d'avoine et 36 kg de blé noir, le tout sec loyal et de bonne qualité à leur propriétaire, Me Le Guen.
 En 1836, le fils de Louis Grall, Yves, a maintenant 16 ans et porte le titre de meunier de même que Laurent Le Roux, né d'un premier lit d'Anne Gravet, au moulin de la Marche, à Trézilidé. Laurent va se marier avec Jeanne Le Bras et rester à Kergoulouarn où il aura cinq enfants. 
La famille ne vit pas que du moulin. En 1841, Yves Grall est dit agriculteur quand les cinq autres hommes du clan sont meuniers. La servante est Marianne Bégat.
En 1854, Anne Gravet, doyenne de toute cette maisonnée, rend l'âme à 60 ans. C'était la troisième épouse de Louis Grall. 
En 1863, la fille du meunier, cultivatrice de son état, épouse Alain Le Bihan. Parmi les témoins de la noce, Jean Goarant, 32 ans, meunier à Troérin.
 Le père Grall meurt à son tour en 1864 avec la qualité de fournier.
Né au moulin, Guillaume Grall succéda à son père. Mais son demi-frère, Laurent Le Roux était toujours là avec femme et enfants. 
En 1881, il est le chef de famille. Son épouse et la famille de son fils sont à ses côtés. Quant à son gendre, Joseph Bodilis, il est agriculteur. Le moulin compte aussi Guillaume Grall, cousin de Laurent, comme garçon meunier. Sa sœur est ici cultivratrice et l'on a un domestique en la personne de François Le Bihan.
– 1888 : voilà Jean-François Siohan et Marie-Yvonne Saout. Ces Siohan sont également bien ancrés dans la confrérie. Le frère de Jean-François tient Keruzoret.
Le 23 novembre 1891 meurt Laurent Le Roux, 75 ans, le frère utérin des Grall. Quatre jours plus tard, sa femme, Jeanne Le Bars, le suit dans la tombe. 
François Siohan est toujours recensé comme meunier en 1901. Guillaume Grall, 78 ans, est
garçon meunier. Il meurt l'année suivante.
En 1903, les 48 hectares du domaine sont à vendre. La ferme, rappelle le notaire, est tenue par Louis et Jean-Louis Le Roux, le moulin par Jean-François Marie Siohan.
Mais voilà que le 4 mars 1906 le feu prend dans la toiture du moulin. Le meunier, aidé de voisins, se rend vite maître du sinistre.
En 1909, François Siohan est sous les feux de l'actualité locale. On l'accuse d'avoir culbuté Yves Grall avec sa voiture. Il sort acquitté du tribunal correctionnel.

Fin d'activité
 
Jean-François Siohan est mort en 1935 à Kergoulouarn avec le statut de cultivateur. La famille y exploita des cressonnières.

 

MESCOUEZ

Moulin-Mesouez. Sur un affluent de l'Horn au sud de Plouénan. En 1736, on y relève la présence de Laurent Le Roux et de sa femme, Anne Guellozé, dite aussi Bolloré.
En 1836, Paul Ménez est meunier en compagnie de Marc Ménez, époux de Marie-Anne Larvor. Ceux-ci ont quatre enfants et deux domestiques : François Dérou et Louise Cardinal. Une servante : Anne Coat. 
En 1841, on note au moulin la présence du père de Paul : François Ménez et sa femme Marie Roué. Deux domestiques sont attachés à la famille : Jean Hervé et Jean-Marie Lamou.
1881 : Louis Portier et son fils Louis tiennent le moulin. Le beau-frère de Louis, François Mevel, époux de Jeanne Portier, est également de la partie avec toute sa famille.
1891 : Le même clan est toujours là. En 1901, les Portier sont qualifiés de cultivateurs.

En 1841, deux garçons meuniers vivent au bourg sans que nous sachions à quel moulin sont-ils affectés. Il s'agit de Michel Abgall et Jean Hervet. Un autre cas isolé : Jean Goarnisson, à Penvern-Bihan.

Sources
Généalogie de Catherine Crenn, Généanet.


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